Jugement n Le journal sportif L'Equipe et d'autres quotidiens ont jugé très sévèrement, ce matin, lundi, le geste de Zidane, qui lui a valu une expulsion à la 110e minute de la finale France-Italie. Ils parlent de «sortie ratée», de «triste fin de carrière». Le «plus difficile», pour Claude Droussent dans L'Equipe qui interpelle le joueur, «n'est pas d'essayer de comprendre pourquoi les Bleus ont perdu une finale de Coupe du monde à leur portée» mais «d'expliquer à des dizaines de millions d'enfants à travers le monde comment vous avez pu vous laisser aller à assener ce coup de tête à Marco Materazzi». Comparant le capitaine des Bleus à Ali, Pelé et Owen, L'Equipe constate que ces champions et «aucun monstre sacré de leur dimension, de celle que vous étiez sur le point de rejoindre, n'ont ainsi enfreint les règles les plus élémentaires du sport». Et le quotidien, qui qualifie le geste de «stupide», d'«irréparable» et de «difficilement pardonnable», s'interroge : «Que confier à nos enfants, à tous ceux pour qui vous étiez redevenu l'exemple vivant, pour toujours». «Je suis certain que vous avez pensé qu'il va falloir aussi expliquer ce coup de tête à vos quatre garçons pour qui vous êtes tant», estime l'éditorialiste, qui conclut sur une cruelle question : «Comment cela a-t-il pu arriver à l'homme que vous êtes.» «Le pays perd une star sans gagner une étoile», résume Jean-Michel Thénard dans Libération. Yves Thréard, du Figaro, parle, lui, de «l'ultime et odieux coup de tête», une «inadmissible vengeance» qui «gâche la sortie et l'image» de Zinedine Zidane. «On était sans voix devant une telle bêtise», ajoute-t-il. Pour Pierre Taribo, dans L'Est Républicain, «Zidane a raté sa sortie», «a disjoncté comme il l'avait déjà fait parfois dans sa carrière» et «la France du football (...) frémit de réprobation, d'incompréhension et de tristesse». «Le plus cruel», pour Jacques Camus de La République du Centre, «c'est que les Italiens ne nous ont pas seulement confisqué le trophée, ils ont volé à Zidane la sortie «panthéonesque» qu'il visait» et le joueur est sorti «frappé du sceau de l'infamie, sur un très vilain coup de tête qui insulte sa carrière exemplaire et renvoie à ses premiers égarements». La faute peut-être à «trop de pression», à «trop d'idolatrie autour d'un joueur fait pour la simplicité et la tranquillité». Claude Lesme, de La Montagne, voit cette expulsion comme le «symbole d'un homme qui n'est heureusement pas parfait» et Jean-Christophe Giesbert met en garde «les censeurs qui sermonneront le grand, l'immense Zinedine Zidane pour son mauvais geste en oubliant que le dieu du football est avant tout un homme de chair et de sang sujet, comme chacun de nous, aux faiblesses et aux colères».