Constat n «270 000 exploitants agricoles, otages de banques», s'est plaint le ministre de l'Agriculture. «Il faut relever l'agriculture en dépolitisant l'acte agricole» telle a été la recommandation annoncée, hier, par Saïd Barkat, ministre de l'Agriculture, lors de son passage, hier matin, au Forum d'El-Moudjahid. Il a passé au peigne fin, chiffres à l'appui, le programme de la relance du secteur mis sous le sceau de la «sécurité alimentaire». Mais pour dépolitiser cet acte, le ministre recommande, dans un premier temps, aux banques, d'éviter aux agriculteurs les différentes lenteurs bureaucratiques. Saïd Barkat reconnaît l'existence de «plus de 270 000 exploitants agricoles qui sont otages des banques et dont les investissements sont au point mort faute de crédits qui ne sont toujours pas débloqués». «Ainsi, dira le ministre, il faut que les banques jouent pleinement leur rôle». «Je ne vous le cache pas, aujourd'hui, nos banques ont peur des fellahs comme s'ils avaient la gale. Il faut que cela cesse», s'est encore plaint l'orateur. En dépit de cet accroc de taille, l'agriculture algérienne connaît, selon le ministre, une croissance annuelle de 8% avec une part du privé estimé entre 10 et 12%. La valeur ajoutée engrangée est de quelque 510 milliards de dinars tandis que le volume global de la production nationale est de l'ordre de 624 milliards de dinars. L'excédent, lui, étant de plus de 20 % qu'«il faut impérativement exporter avec des bonnes techniques de conditionnement» insistera-t-il. En termes de coûts, la facture du lait, comme le signale le ministre, est de l'ordre de 500 millions de dollars et elle tendra à augmenter dans une année compte tenu du fait qu'en 2007, l'Algérie va consommer pas moins de 3 milliards de litres. L'importation du blé et du sucre ira, elle aussi, crescendo, selon les estimations de Barkat. Parmi les atouts consistants de la relance du secteur de l'agriculture, le ministre citera l'augmentation du patrimoine de l'arboriculture. Celui-ci est passé de 517 000 ha en 1999 à plus de 1 million d'hectares en 2005. Sur le plan des ressources humaines, le secteur de l'agriculture, admet le ministre, est un secteur générateur d'emplois. «Un million de postes est créé annuellement, dont 350 000 permanents», précisera-t-il, tout en reconnaissant que le programme des Hauts-Plateaux et du Grand-Sud est de nature «à fixer davantage les populations rurales auxquelles des mesures incitatives doivent être élaborées à court et à moyen terme». Abordant le sujet de la volatilité des prix des fruits et légumes, Saïd Barkat pense que son ministère n'est pas le seul régulateur du marché, mais le problème doit être appréhendé d'une façon multisectorielle. «Tous les départements doivent être impliqués», dira le premier chef du département de l'agriculture qui aime à dire qu'il vaut mieux «être le ministre de l'abondance que celui de la pénurie». Selon lui, la réalisation d'un plus grand nombre de marchés de gros aux quatre coins du pays, «permettra, sans doute, de mieux réguler le marché bouillonnant des fruits et légumes».