Il y a 50 ans, l'Egypte sous la houlette de Gamal Abdel Nasser prenait le contrôle du canal de Suez, déclenchant une guerre qui a précipité le déclin de la vieille Europe coloniale. La France voulait punir Gamal Abdel Nasser qui avait soutenu la révolution en Algérie. Pour l'historien français, Jean Lacouture, la motivation principale de Paris dans l'expédition de Suez était, en effet, de «frapper à la tête» la révolution algérienne, que soutenait le raïs égyptien. C'est au Caire, en 1954, que s'était constitué le FLN, et l'un de ses dirigeants Ahmed Ben Bella «était très lié à Nasser» selon l'historien. Jean Lacouture, 85 ans, qui a soutenu les mouvements de décolonisation, explique que «c'est la France, animée par ses préoccupations algériennes, qui avait entraîné Londres dans l'expédition de Suez». En intervenant militairement en Egypte avec les Britanniques et les Israéliens, le Président du Conseil, le socialiste Guy Mollet, voulait sans doute «rétablir les intérêts français violés par la décision égyptienne», a expliqué Lacouture. «Mais la motivation principale, c'était l'Algérie. La vulgate française, c'était que les Algériens étaient soulevés contre la France par Nasser, et il fallait frapper à la tête.» «C'est un peu ce qu'on dit aujourd'hui du Hezbollah libanais, aidé par la Syrie et l'Iran. Ahmadinejad (le président iranien), c'est le Nasser de l'époque.» C'est au Caire, en 1954, que s'était constitué le FLN, et l'un de ses dirigeants «Ahmed Ben Bella était très lié à Nasser». «L'influence de l'Egypte me paraît avoir été d'un cinquième sur l'efficacité du FLN», estime-t-il tout en ajoutant qu' à Paris Nasser était considéré comme «un adversaire» et «La guerre d'Algérie était une raison forte, il y avait une pulsion très forte dans l'opinion française».