Abdelhamid Bouzaher estime que «les chansons de Djarmouni sont aujourd'hui la propriété du peuple algérien, mais certaines pièces comme El aïn Lil aïn mizan ou El ha harakna el-homman ne peuvent être interprétées par aucune autre voix connue d'aujourd'hui, car il avait un don, une poitrine et un souffle d'une puissance extraordinaire qu'on n'a pu voir depuis, sa voix portait à quatre km», a-t-il confié. Le même artiste rappelle une des nombreuses anecdotes qui fait la légende de Djarmouni. Lors de sa production en 1937 à l'Olympia de Paris, une première pour les Algériens et Arabes, Djarmouni s'est passé de la sonorisation de la salle, il a demandé simplement de quoi chauffer les percussions (bendir) qui accompagnaient ses deux flûtistes. Pour Abdelhamid Bouzaher, Aïssa El-Djarmouni représente «un genre populaire qu'on a tort de classer dans la rubrique» primitif ou archaïque, «car les courants modernes ont largement puisé dans ce patrimoine qui mérite l'attention d'études académiques, des chercheurs et musicologues, appelés à sortir des sentiers battus et à aller à contre-courant de la facilité et de la seule logique commerciale». Selon la biographie établie par l'Association des amis de l'art et de la culture de la wilaya d'Oum-El Bouaghi, Aïssa El-Djarmouni El-Harkati est né en 1886 à Sidi R'ghis près d'Oum El-Bouaghi. Berger, il apprit à chanter en gardant son troupeau. Ses flûtistes étaient Hadj Mohamed Benzine et Miloud Guenaïchi. Mohamed Benderradji était berrah, poète et animateur du groupe. Il a commencé à chanter en 1910 et sillonné toute l'Algérie et le Maghreb. Il enregistra des disques à Tunis et Paris dans les années 1930. Il décéda à l'hôpital de Constantine, le 16 juin 1946.