Evasion n En attendant la réhabilitation des structures de loisirs, les habitants de Tissemsilt n'ont d'autre lieu de détente que les cafés de la ville ou les terrasses des crémeries. Engagés dans d'interminables parties de dominos et de cartes ou surfant sur la Toile dans les cybercafés climatisés, les jeunes de la région tentent de s'évader du marasme quotidien qui les rattrape inexorablement. Au crépuscule, quand le soleil décline et que la fraîcheur vient ressusciter la ville, ces mêmes jeunes se regroupent dans les quartiers et à l'entrée des immeubles pour faire et défaire le monde. La Palestine, le Liban, les scandales du Calcio sont autant de sujets qui permettent aux Tissemseltis de disserter à la lumière blafarde des lampadaires. Les familles préfèrent les terrasses des crémeries pour s'offrir des glaces aux parfums exotiques qui permettent la rêverie. Faute de moyens de distraction et de loisirs en cette période de canicule, les habitants de la ville trouvent en l'unique jardin public, réalisé durant la période coloniale, une oasis de fraîcheur et de verdure. Cet espace boisé et fleuri, laissé cependant à l'abandon, a fini par perdre ses attraits. Quelques visiteurs s'y rendent pour se disputer les rares points d'ombre qu'offrent encore les quelques arbres pelés, décatis et rabougris. Cette quête effrénée de fraîcheur n'a pas disparu malgré l'inauguration d'une piscine semi-olympique en 2005, qui n'arrive pas à répondre à la demande d'une population estimée à plus de 70 000 âmes. L'accès à cette infrastructure n'est pas à la portée de toutes les bourses. Le président de l'APC a proposé aux responsables de la piscine de fixer des tarifs symboliques en contrepartie de la prise en charge de l'entretien du bassin et la maintenance des équipements par les services communaux. La direction de la jeunesse et des sports, qui considère le site comme une école destinée à la formation et aux entraînements des équipes de natation de la région, estime, pour sa part, que son ouverture au large public pourrait accélérer sa détérioration. Les séjours à la station thermale de la localité de Sidi Slimane ne sont pas, eux aussi, à la portée de toutes les familles. Certaines préfèrent passer leurs moments de détente au parc national de loisirs de Theniet El-Had, niché au cœur d'une forêt de cèdres.