Pour se divertir et se remettre des dards brûlants du soleil, les habitants de la wilaya de Mila n'ont d'autres lieux de détente que les cafés de la ville ou les crémeries. Au crépuscule, et à la faveur des premières vagues vivifiantes de fraîcheur, des centaines de jeunes s'attablent dans les cafétérias et les terrasses de crémeries, qui pour se livrer à d'interminables parties de dominos ou de belote, et qui encore pour déguster des coupes de crème et des boissons rafraîchissantes. Le marasme culturel et sportif étant ce qu'il est, des groupes de jeunes et d'adolescents s'enracinent dans leurs quartiers, au pied des immeubles ou sous la lumière blafarde des lampadaires, pour s'improviser carrément de petites et non moins bruyantes parties de football, et discuter à bâtons rompus des sujets de l'heure : du syndrome des harragas à la tragédie du monde arabo-musulman, en passant par les tous récents tubes des rois du raï et du Calcio, mais aussi de la Liga, et les plus gros transferts du siècle réalisés par le Barça et le Real Madrid ; toute l'actualité nationale et étrangère est faite et défaite au gré d'interminables et passionnées discussions. Normal, lorsque toute cette masse de jeunesse manque terriblement de moyens de distraction et de loisirs, et ne dispose même pas d'espaces d'évasion et de jardins publics dignes de cette appellation. Il est vrai que de nombreuses familles sont friandes de promenades nocturnes, assorties de rencontres conviviales et de dégustation de glaces au parfum exotique, tout comme beaucoup d'accros du Net qui préfèrent surfer dans les cybercafés disposant de l'air conditionné et d'une connexion à haut débit, mais la distraction et la villégiature s'arrêtent à ces éphémères randonnées pédestres qui en disent long sur le spleen et la monotonie affectant l'ensemble de la population.