Résumé de la 1re partie n Finie la galère pour Robert qui pense avoir mangé tout son pain noir. Enfin un boulot de plombier, un logis et un moral retrouvé. Mais que cherche donc sa logeuse, la vieille Mme Angèle ? Mme Angèle, incarnation de la vertu, laisse alors éclater sa fureur. Car, sous son maquillage et ses cheveux blancs, la propriétaire est capable de sérieux écarts de langage qui étonnent dans sa bouche. Pourtant, Robert est un garçon serviable. Il fait les courses de sa logeuse quand l'occasion s'en présente, il s'occupe du jardin, il est adorable. Quelquefois, lorsqu'il rentre un peu tard, il trouve Mme Angèle endormie devant sa télévision encore allumée, en vêtements de nuit, alanguie dans son canapé. Alors, doucement, il la saisit comme une plume entre ses bras musclés et, sans la réveiller, la dépose dans sa chambre toute proche, la glisse entre les draps et regagne sa propre chambre sur la pointe des pieds. Cette vieille dame haute en couleur lui rappelle peut-être une grand-mère peu ou mal connue, en tout cas, elle est une présence maternelle et féminine qui manque à ce grand gaillard loin de chez lui. Maternelle peut-être, mais féminine, ça, plutôt deux fois qu'une et même beaucoup plus qu'on ne pourrait le croire... Il se peut qu'un soir où Robert la déposait doucement endormie dans son lit, Mme Angèle se soit plus ou moins réveillée et qu'elle se soit sentie frémir d'être ainsi, à quatre-vingt-quatre ans, transportée, au double sens du mot, par ce beau moustachu dont la transpiration virile lui évoquait d'autres étreintes oubliées depuis longtemps. Toujours est-il que Mme Angèle se met à changer radicalement d'attitude. Elle retrouve d'anciens réflexes et se fait soudain tout à fait chatte. Robert hésite à en croire ses yeux... Mais il lui faut se rendre à l'évidence, Mme Angèle est amoureuse de lui. Pourtant elle n'est pas amoureuse d'une manière discrète et sublimée, comme il conviendrait, elle est amoureuse comme si elle avait quarante ans de moins. Amoureuse et agressive. Désormais elle exige d'avoir accès de jour comme de nuit au studio de Robert. Il se rebiffe, elle l'insulte, elle hurle. Hurlements qui le déstabilisent car ils lui en rappellent d'autres encore frais dans ses oreilles de divorcé. Robert, perturbé par cet aspect imprévu des choses, fait ses confidences à ses collègues de travail qui, eux, en font des gorges chaudes. Cela devient un bon sujet de plaisanterie : Robert et sa vieille. Mais, à chaque fois Robert, sous les quolibets, rougit jusqu'aux oreilles. Sa nature de Lorrain pudique ne supporte pas les sous-entendus qui se veulent blagueurs. Il se sent sali par ce que l'on sous-entend. Il se voit au lit avec les quatre-vingt-quatre ans de Mme Angèle, en train de prendre son plaisir sur ce corps flétri malgré tout, sur ces seins d'une autre époque, sur cette bouche fripée. Il en est écœuré. D'autant plus écœuré que Mme Angèle, sentant que ses jours sont vraiment comptés, semble décidée à jouer le tout pour le tout. A présent, puisqu'elle possède les clefs du studio, Robert la découvre à tout bout de champ, nue dans l'encadrement de la porte, ou bien blottie au fond de son lit, offerte à l'appétit de ce mâle chez qui le sentiment de tendresse respectueuse fait à présent place à un dégoût bien normal. Bien sûr, il existe parfois des couples dans lesquels l'épouse, bien que plus âgée que son mari, a su, au fil des ans, conserver entre eux un attrait physique fait tout à la fois d'amour et de respect de l'autre. Mais ici, rien de pareil : Mme Angèle, vieillarde lubrique, tente positivement de violer son beau locataire, jour après jour, nuit après nuit. Il change trois fois le verrou, mais elle exige d'avoir les nouvelles clefs. A suivre