Résumé de la 2e partie n A 84 ans, Mme Angèle est bel et bien amoureuse de Robert. Amoureuse, agressive et possessive. Il en est écœuré. Robert cloue la porte avant de s'endormir, mais, hurlant et défigurée par la colère, Mme Angèle ameute le quartier par des cris d'amour mêlés de cris de haine. Il doit ouvrir sa porte, parlementer, repousser ces assauts «contre nature». D'ailleurs, depuis quelque temps, il ne regagne son logis que de plus en plus tard, après avoir dîné dehors, après avoir pris un dernier verre dans un bar, chez des amis, pour retarder au maximum le risque de trouver, une fois de plus, la vieille Angèle en proie à ses fureurs utérines. Ce soir-là, Robert a suivi son programme de point en point. Dîner précédé d'un apéritif, arrosé de vin puis suivi de bière, encore un petit verre en attendant que l'heure tourne, puis visite à un copain chez qui on en boit un dernier. Aucune importance, il ne prend pas la route. L'heure avance : avec un peu de chance, Mme Angèle aura renoncé pour ce soir. Mais elle n'a pas renoncé et la sarabande commence. Elle est derrière sa porte, comme une goule sortie des enfers, à moitié nue dans cette chaude nuit d'été, prête à tout pour assouvir l'appel de ses sens, hystérique au sens profond du mot. Derrière la porte, l'esprit un peu embrumé par les vapeurs d'alcool, Robert grommelle comme un ours qu'on asticote… Soudain, il ouvre la porte. Le spectacle que donne Mme Angèle dénudée n'a rien pour inspirer l'amour. Robert, excédé, pour lui faire comprendre une dernière fois qu'il en a assez, plus qu'assez, la pousse en arrière. Mme Angèle tombe dans l'escalier. Du coup, l'athlétique plombier se reprend, il la ramasse, essuie le visage ensanglanté de la vieille, car sa tête a heurté une marche. Elle revient à elle. Mais elle n'a rien perdu de ses ambitions infernales : à nouveau les insultes fusent des vieilles lèvres, les noms d'oiseaux, les grossièretés dignes des bas-fonds et, en même temps, dans un désordre invraisemblable, des mots d'amour, des feulements de chatte en chaleur, des propositions écœurantes pour Robert. Alors, attrapant un balai que Mme Angèle, Dieu sait pourquoi, tient à la main, le gentil plombier toujours disponible, le brave garçon, poussé à bout par un coup de colère aveugle, frappe la vieille femme sur le crâne. Elle tombe, assommée. Devant ce silence inattendu, Robert, poussé par l'envie féroce d'avoir enfin, définitivement, la paix, continue à frapper, frapper, frapper... Ecœuré par ce corps pantelant qui l'a tant harcelé, encouragé par ce silence, Robert, agissant comme devant une bête malfaisante et haïe, martyrise à présent à coups de pied le visage de celle qui voulait tout, exigeait tout et même au-delà du possible. Il la renvoie en enfer. Puis enfin, certain qu'elle ne viendra plus se glisser la nuit entre ses draps, il se met au lit et s'endort. Ce sont les gendarmes, alertés par les voisins, qui, le lendemain, le tirent du lourd sommeil qui l'a envahi. Il faut dire que, depuis des mois, c'est la première fois qu'il peut enfin dormir tranquille sans craindre l'intrusion de sa logeuse. Malgré les témoignages concordants de tous ceux qui connaissent Robert, malgré les témoignages de ceux qui avaient déjà eu l'occasion de loger chez Mme Angèle, folle de son corps, Robert «pas de chance» se voit infliger dix ans de réclusion pour n'avoir pu supporter les propositions de la vieille dame indécente.