Animation n Les travées du théâtre de verdure Hasni-Chekroun à Oran ont accueilli, mardi, dans la soirée, les férus du rythme raï, à la faveur du festival national. El-Bahia s'est plongée dans une fontaine de jouvence pour retrouver ses sensations, sa joie de vivre et sa sérénité, bercée par une mélodie de raï trab (raï originel) ou de raï mechyakha (le raï des maîtres). «Quand on écoute une chanson raï, on boit les paroles. On ne se contente pas de fredonner l'air ou de se trémousser sur scène. Le raï est un feeling et il faut l'avoir pour mieux comprendre les paroles qui, pour les néophytes n'ont aucun sens», dira cheikh Belkacem Bouteldja, une référence pour les puristes, qui était surnommé, durant les années soixante-dix, le Joselito oranais. La soirée de mardi a montré que le raï ce ne sont pas deux vers de poésie emballés dans deux accords de musique. Les artistes femmes qui se sont succédé sur la scène ont surfé sur plusieurs rythmes et plusieurs styles. Elles étaient tantôt romantiques avec une voix sirupeuse, tantôt révoltées avec des distorsions des cordes vocales qui feraient pâlir d'envie les symboles de la protest song, Joan Baez ou Aretta Franklin. Zahouania, malgré des engagements, est venue retrouver son public. Elle a accroché l'attention du public dès les premiers «istikhbars». Sa voix a embrassé un large horizon, au point que même les promeneurs du Boulevard du Front de mer se sont arrêtés, charmés par tant de maîtrise. «Elle est envoûtante, elle t'accroche, te malmène avant de te jeter, l'esprit et le corps brisés par tant de sorcellerie qui émane de sa voix», dira un jeune venu d'Alger juste pour vivre le festival. Cheikha Warda, entourée de son orchestre, a mis en appétit les spectateurs. «Ce sont des morceaux choisis en hommage à El-Hadja Remiti». «J'ai repris des chansons de son répertoire et le public a adoré», ajoute-t-elle avant de rejoindre les coulisses pour céder la place à Chaba Yamina. Cette dernière, venue de Constantine, est entrée en communion avec le public qui a fredonné ses airs, dansé, poussé des youyous avant de la supplier de rester à la fin de son tour de chant. «Elle est sublime. Elle a une voix et un accent qui donnent un air d'originalité à ses chansons raï. Elle est à l'aise dans ce registre, même si elle est née et a grandi au rythme de la chanson des Aurès», dira un des organisateurs. Chaba Sihem, pour sa part, a réussi à surmonter son trac pour capter l'attention du public qui a découvert en elle, une valeur sûre de la chanson raï. La soirée de mercredi a été aussi riche que la première. A l'affiche, Djelloul, Hendi, Redha Taliani ou encore Chaba Kheira. Les organisateurs, pour leur part, après avoir réussi à mettre sur les rails cette édition, sont déjà affairés à préparer le retour du king Khaled sur la scène du théâtre de verdure Hasni-Chekroun. «La soirée de jeudi promet d'être longue et les retardataires risquent de ne pas trouver de places, tant l'affiche est alléchante à plus d'un titre avec le retour de l'enfant d'Eckmuhl à Oran», dira un organisateur rencontré en train de visionner un film monté pour rendre hommage à Cheikha Remiti et projeté à l'ouverture du festival.