Décor n Les jardins et les immenses palmeraies d'Adrar sont un havre de paix. Fraîcheur et ombre s'incrustent dans les feuillages jaunis par un soleil ardent. Le matin, ces lieux sont la propriété exclusive des cueilleurs de dattes et des hommes qui se battent sans cesse contre le bayoud, la maladie des palmiers par excellence qui fait des dégâts dans la région. L'après-midi, ces lieux sont investis par ceux qui, sous la menace des insolations, y trouvent refuge pour une courte sieste. Pour ceux que la nature a comblés de ses faveurs, disposant par exemple d'un espace boisé, il n'y a pas mieux qu'un séjour agréable, seul ou en famille, dans ces petites palmeraies qui constituent une échappatoire précieuse pour contrer la chaleur. Avec leurs ustensiles de cuisine, des familles entières s'exilent dans les lopins boisés pour y rester toute la journée au frais, avant de regagner maisons et taudis à la tombée de la nuit, lorsque la brise nocturne aura droit de cité dans toute la région. El-Jena (l'Eden), appellation donnée aux «résidences vertes» que forment certains ksour à l'image de Tamentint, le plus vieux ksar de la région, connu pour ses milliers de vieux manuscrits, Ighzer et Tamest, qui se situent dans le nord de la région du Touat, sont aussi un autre havre de paix. Là, à quelques encablures du centre-ville, des grottes immenses comme des canyons offrent leur fraîcheur à des centaines de personnes qui, chaque jour, y élisent domicile, s'évadant comme ils le peuvent des températures de feu de l'extérieur. Ces grottes peuvent abriter plus de 300 à 400 personnes. Dans la ville, il n'y a pas que l'enfer. En effet, des haouchs, traversés par les foggaras – système d'irrigation ancestral qui apparaît comme une galerie souterraine de captage d'eau – ont tout le temps constitué un lieu d'évasion. Outre l'irrigation et la consommation, ces foggaras permettent à leurs propriétaires d'y faire un repli en cas d'extrême canicule. «S'il n'est pas chez lui, il est dans sa foggara», aime-t-on ressasser à Adrar. En pratique, à proximité des rigoles qui font office de ruisseau pour l'irrigation des petites palmeraies, on creuse de petites loges où il règne, même en période de forte canicule, une fraîcheur qu'on ne retrouve nulle part ailleurs.