Résumé de la 157e partie n Aziz s'apprête à mourir. Mais, une fois de plus, les vers de Aziza le sauvent des mains de la jeune Dalila-la-Rouée. Ses souffrances ne sont pas pour autant finies. Après quoi elle me regarda et me dit : «Mais pour toi, qui dois ainsi le salut à ces paroles d'Aziza, ne te crois pas tout à fait quitte pour cela ; car il me faut absolument me venger de toi et de la coquine dévergondée qui t'a retenu loin de moi ; et dans ce double but je vais me servir du vrai moyen, du seul moyen ! Hé ! vous autres !» Et, ayant ainsi hélé ses esclaves, elle leur dit : «Pesez bien sur lui et empêchez-le de bouger et liez-lui solidement les pieds !» Et cela fut immédiatement exécuté. Alors elle se leva et alla mettre sur le feu une poêle en cuivre rouge dans laquelle elle mit de l'huile et du fromage mou ; et elle attendit que le fromage eût fondu dans l'huile bouillante pour revenir vers moi, toujours étendu par terre et maintenu par les femmes esclaves. Elle s'approcha, un rasoir à la main, à l'aide duquel elle m'émascula. Tu juges, prince Diadème, si la douleur et le désespoir me firent m'évanouir. Tout ce que je sais, après cela, c'est que lorsque je revins de mon évanouissement, l'adolescente vint à moi, me donna un verre de sirop pour étancher ma soif et me dit d'un ton méprisant : «Retourne maintenant là d'où tu étais venu ! Tu ne m'es plus rien, et tu ne peux plus me servir à quoi que ce soit, puisque la seule chose dont j'avais besoin je l'ai prise ! Et mon désir est assouvi !» Et elle me repoussa du pied et me chassa de sa maison, en me disant : «Estime-toi heureux de pouvoir sentir encore ta tête sur tes épaules !» Alors moi, douloureusement, je me traînai jusqu'à la maison de ma jeune épouse, en marchant pas à pas ; et, arrivé à la porte, que je trouvai ouverte, je m'introduisis en silence et allai tomber massivement sur les coussins de la grande salle. Aussitôt accourut mon épouse qui, me trouvant tout pâle, m'examina attentivement et me força à lui raconter l'aventure et à lui montrer mon individu mutilé. Mais je ne pus supporter la vue de moi-même et tombai, encore une fois, évanoui. Lorsque je revins de mon évanouissement, je me vis étendu dans la rue, au bas de la grande porte ; car mon épouse, elle aussi, m'avait jeté hors de sa demeure. Alors, dans un état misérable, je me ramassai et m'acheminai vers ma maison, où j'allai me jeter dans les bras de ma mère qui, depuis longtemps, me pleurait et ne savait sur quelle terre j'étais égaré. Elle me reçut en sanglotant et me vit dans un état de pâleur et de faiblesse extrêmes... A ce moment de sa narration, Schahrazade vit apparaître le matin et, discrète, se tut. Quand vint la nuit, elle dit : Elle me reçut en sanglotant et me vit dans un état de faiblesse et de pâleur extrêmes, et elle en pleura davantage. Et moi, de mon côté, le souvenir me vint de ma pauvre, de ma douce Aziza, morte de chagrin sans un mot de reproche ; et, pour la première fois, je la regrettai et versai sur elle des larmes de désespoir et de repentir. Puis, comme je venais de me calmer un instant, ma mère me dit, des pleurs plein les yeux : «Mon pauvre enfant, les malheurs habitent notre maison ; je dois t'apprendre la pire des choses : ton père est mort !» A cette nouvelle, les sanglots me saisirent à la gorge et je restai immobile, puis je tombai la face contre terre et restai toute la nuit dans cet état. (à suivre...)