Résumé de la 139e partie n Aziz, après avoir passé toute la journée en face d'une fenêtre dans l'espoir de voir la jolie jeune fille apparaître, retourne chez lui, où il remarque les blessures infligées à sa cousine. Et sans me voir, elle avait la tête penchée et appuyée sur une main, et elle se berçait de l'harmonie pénétrante de ces vers admirables que tout doucement elle se murmurait : «Ah ! je songe à toi, Aziz ! En quelle demeure loin de moi as-tu fui ? Répond Aziz ! Où as-tu élu domicile, ô vagabond adoré ?… Songe à ton retour, Aziz ! Sache bien que partout où la destinée, jalouse de mon bonheur, te poussera, tu ne pourras trouver la chaleur d'asile que t'a réservée le pauvre cœur d'Aziza ! «Tu ne m'écoutes pas, Aziz et tu t'éloignes ! Et voici que mes yeux te regrettent dans ces larmes qui coulent intarissables. Oh ! désaltère-toi à la limpidité d'une eau pure, ou plus belle, encore, et laisse ma douleur boire, pour toute fraîcheur, le sel des tristes larmes recelées dans mes orbites profondes. «Pleure, mon cœur, l'absence du bien-aimé ! Je songe à toi Aziz ! En quelle demeure loin de moi as-tu fui ? Réponds, Aziz ! Où as-tu élu domicile, ô vagabond adoré ?» Lorsqu'elle eut fini ces vers, elle se retourna et me vit et aussitôt elle s'efforça de me cacher sa douleur et ses larmes et elle vint à moi et se tint debout un moment en silence, sans pouvoir articuler une syllabe. Enfin elle me dit : «O mon cousin, assieds-toi et conte-moi ce qui t'est arrivé cette fois !» Et je ne manquai pas de lui exposer par le menu les gestes pleins de mystère de l'adolescente. Et Aziza me dit : «Réjouis-toi, ô mon cousin, car tes souhaits sont exaucés ! Sache, en effet, que le miroir enfoncé dans le sac signifie le soleil qui disparaît : ce geste t'invite donc à te rendre demain soir à sa maison ; sa chevelure noire dénouée et lui voilant la face signifie la nuit qui couvre la terre de ses ténèbres ce geste est une confirmation du premier ; le pot de fleurs signifie qu'il te faut entrer dans le jardin de la maison, situé derrière la ruelle ; quant à la lanterne sur le pot, elle signifie clairement qu'une fois dans le jardins tu dois te diriger du côté où tu trouveras une lanterne allumée, et attendre là la venue de ton amoureuse». Mais moi, au comble du désappointement je m'écriai : «Que de fois tu m'as donné de l'espoir avec tes explications, erronées ! Allah ! Allah ! Que je suis malheureux !» Alors Aziza se fit encore plus caressante que d'habitude et se dépensa pour moi en paroles douces et pacifiantes. Mais elle n'osa pas bouger de sa place ni me porter à manger ou à boire par peur de mes accès de colère et d'impatience. Pourtant, le lendemain vers le soir, je me décidai à tenter l'aventure, encouragé surtout par Aziza qui me donnait ainsi tant de preuves de son désintéressement et de l'abnégation absolue d'elle-même alors qu'en secret elle pleurait toutes ses larmes. Je me levai et pris mon bain et, aidé par Aziza, je m'habillai de ma plus belle robe. A suivre