Merouane est un jeune d'Alger-Centre. Il est en magistère. Il fait des études en archéologie à Sidi Abdallah. Unique garçon, Merouane vit avec ses parents et ses quatre sœurs dans un F2. Son père est retraité de la Sntf. Merouane bricole pour subvenir à ses besoins. «Je vends n'importe quoi. Je fais de la d'lala. Djamaâ Lihoud, Bab El-Oued… Je suis obligé de travailler d'autant plus que je suis en thèse. D'ailleurs en été, je fais même de la peinture chez des particuliers…» Merouane a travaillé au musée des antiquités dans le cadre du préemploi. «La seule chose que je regrette dans la vie, c'est d'avoir fait des études. Tu vois tous les jeunes illettrés réussir leur vie, il y a de quoi s'arracher les cheveux.» En dehors du boulot, Merouane s'adonne à la lecture d'ouvrages qui parlent d'archéologie. «Je joue aussi de la guitare ; j'ai fréquenté pendant un an le Conservatoire. J'aime vraiment la musique chaâbie.» La télévision ? «Je regarde tout sauf la télé algérienne. Ses programmes sont médiocres.» Pour Merouane, «l'Algérien a plongé dans l'occidentalisme. Il a abandonné sa culture et ses traditions. Dommage !». A la question de savoir s'il aime l'Algérie, Merouane répond «oui». «J'ai insulté plusieurs fois ce pays, comme le font beaucoup d'Algériens, mais juste après j'ai des regrets.» Merouane ne demande qu'un poste de travail dans le domaine de l'archéologie. «Je veux travailler, c'est tout. Je ne veux pas partir à l'étranger. Je préfère la souffrance dans mon pays que l'humiliation à l'étranger.» Merouane conclut par un appel à notre jeunesse : «Ayez de la patience.»