Manque n Quatre cafés constituent les seuls refuges pour les centaines de jeunes d'Ouled Mendil. C'est dans ces lieux qu'ils se défoulent et se racontent leur dur quotidien. Pas de jardin, pas de cybercafé, pas de… Il est 10h 30. Le douar d'Ouled Mendil affiche des couleurs ocres. Cette bourgade de 12 000 âmes est, durant toute la journée, couverte de poussière sous un soleil de plomb. Une poussière qui apparaît sur les murs des petites maisons de fortune souvent entourées de petites parcelles cultivées qui bordent la route en piteux état, poussiéreuse et pleine de nids-de-poule. «Dès qu'on aborde Ouled Mendil, on sent la misère», raconte un sexagénaire, retraité de l'éducation. Le village est déserté. Seuls quelques véhicules, en direction de Douéra, y passent de temps en temps. Dans un café qui, paradoxalement, donne l'air d'être très branché, musique et miroirs géants, quelques jeunes attablés autour d'un café sont plongés dans la lecture d'un journal sportif. «Je l'ai acheté ce matin à Douéra. J'ai dû me déplacer rien que pour cela», souligne Hamza, qui habite à Ouled Mendil depuis 1970. «Ici aussi, on suit régulièrement les exploits de nos clubs préférés», ajoute-t-il. Certainement une manière de dire qu'à Ouled Mendil, on est aussi au courant de l'actualité et de ce qui se passe ailleurs. Le garçon du café profite de l'absence de clients pour lire son journal préféré, qu'il a emprunté à un ami ! Juste à côté du café, un couple attend l'arrivée de l'un des deux bus qui va les emmener en ville. «Il n'y a que deux bus de transport en commun qui desservent la ligne Douéra-Ouled Mendil. Souvent, l'un d'eux tombe en panne. Les gens se déplacent surtout pour acheter des médicaments, téléphoner, se soigner, s'approvisionner ou étudier et ils ne disposent que de deux bus. Aucun clandestin. Imaginez qu'une personne tombe malade dans la nuit, comment faire pour la transporter à l'hôpital ?», s'interroge ce couple. «Aux heures de pointe, les usagers se ruent sur ces véhicules dès qu'ils arrivent afin de dénicher une place, même debout», ajoute le couple qui attend depuis une heure. Pour la collecte des ordures, les habitants du douar soulignent que le camion municipal ne ramasse que les détritus de la Garde communale et de la gendarmerie. «Le conducteur, profitant de la passivité des habitants, ne prend même pas la peine de remonter jusqu'au centre du village pour collecter les ordures. Il se contente de ramasser celles des maisons qui sont proches de la brigade de Gendarmerie», explique un habitant. l «On est en… Arizona en 2006 !» Cette phrase n'est pas une réplique du célèbre humoriste algérien Athmane Alliouat dans le non moins célèbre film comique Le Clandestin, mais les propos d'un jeune oisif de la localité de Ouled Mendil, dans la commune de Douéra, qui décrit ainsi le quotidien dans son petit village. En effet rien dans ce douar à vocation agricole ne rappelle qu'on n'est qu'à… 22 km de la capitale, donc de la «civilisation». «La civilisation nous a ratés», souligne Samir, 33 ans, marié et père d'une petite fille. Ouled Mendil existe depuis plus de 60 ans, mais il est dépourvu de toutes les commodités de la vie moderne, alors qu'il n'est qu'à 4 km de Douéra dont il dépend administrativement. La totalité des maisons ne possède pas de conduites d'évacuation des eaux usées. Deux minibus assurent «irrégulièrement» la liaison entre le douar et la ville de Douéra. La route est dégradée et très étroite : pas plus de 2,50 m. Les services sont quasi inexistants : aucune pharmacie, un seul centre de soins, composé de deux minuscules salles, assure la prise en charge sanitaire au quotidien pour plus de 12 000 habitants. Les jeunes n'ont ni centre culturel ni club de loisirs. Pour leurs papiers administratifs, les habitants d'Ouled Mendil ne disposent que d'une petite annexe où les imprimés sont souvent introuvables, et où, selon les habitants, les agents qui y travaillent ne sont jamais à leur poste…