Ambitions n Vu son importance sociale, culturelle et économique, les associations de la région appellent au rétablissement de ce rendez-vous traditionnel en voie de disparition. La Fête de l'automne célébrée chaque année par la ville de T'kout arrive, tant bien que mal, à retrouver son lustre d'antan. Pour nombre de ses habitants, les récentes éditions de la fête demeurent très timides comparativement à la grande dimension qu'elle avait pour la région et les tentatives d'en faire un rendez-vous régional avec la double dimension commerciale et socioculturelle semblent plutôt «boiter» en dépit des efforts insistants localement déployés, affirment-ils, non sans mettre en valeur l'importance de la manifestation pour le désenclavement de la localité et la valorisation de ses atouts. Pour Djamel Abbas, président de l'APC, les contraintes financières, le manque d'infrastructures et l'état déplorable du réseau routier local sont «le talon d'Achille» de la manifestation dont la tenue, au centre-ville de T'kout, se fait au détriment de la fluidité du trafic automobile, faute d'espace et d'équipements. L'hôtel privé de 39 lits, en construction actuellement dans cette localité, achevé à 70%, constituera, à terme, un soutien de taille à une bonne organisation d'autant plus qu'il disposera d'une salle de fêtes et d'un restaurant, souligne le même élu, mais doit être renforcé par d'autres investissements susceptibles de dynamiser le tourisme dans une région mitoyenne des gorges féeriques de Ghoufi. Socialement, la Fête de l'automne revêtait un intérêt particulier pour la population de la région en lui offrant un espace de raffermissement des rapports sociaux, de renouvellement de la loi coutumière (el-ourf) et le règlement des litiges. Pour certains chercheurs en histoire sociale auréssienne, la fête de T'kout date du XVIIe siècle et réunit les 13 archs de la tribu des Béni Bouslimane occupant les régions de T'kout et Ghassira et transhumant alors entre cette partie des Aurès et certaines oasis de Biskra Le choix de l'automne pour sa tenue s'expliquait par le fait que cette période, de peu d'activités pour les hommes, venait après les récoltes, offrait une occasion pour l'écoulement de leurs produits, et était considérée idéale pour les mariages et autres circoncisions. Trois jours durant, la Fête de l'automne donnait lieu, la nuit, après l'interruption du négoce diurne de son souk et immédiatement après le dîner, à des soirées très animées rythmées par les chants folkloriques aux sons du bendir et de la flûte. La fête était aussi ponctuée par un défilé conduit par trois personnages portant des masques et vêtus de «fringues» aux couleurs vives. Il s'agissait du M'debar (le sage), sa femme représentant la fertilité et des lions protecteurs. Des fruits de saisons (figues, pêches et grenades) étaient suspendus aux vêtements de ces «acteurs», se souviennent encore les plus âgés de la région. Ce défilé était appelé Bouchaïb et, pour la circonstance, les femmes sortaient dans leurs malhafas bariolées et neuves exhibant leurs bijoux les plus chers, essentiellement en argent.