Résumé de la 156e partie n Pat, seule chez elle, se laisse aller à la mélancolie et aux souvenirs. Elle se met au piano et il lui semble que la pièce est pleine de fantômes. Sam téléphona au moment où elle remontait l'escalier. «Ils refusent de mettre Eleanor Brown en liberté. Ils craignent qu'elle se dérobe à la justice. Il semblerait que l'homme avec qui elle vit soit soupçonné d'un certain nombre de décès survenus à l'hospice. — Sam, je ne supporte pas de la savoir dans une cellule. — Frank Crowley, l'avocat que je lui ai envoyé, pense qu'elle dit la vérité. La copie des minutes du procès lui parviendra dans la matinée. Nous ferons ce que nous pourrons pour elle, Pat. Je crains que ce soit peu... — Comment allez-vous ? — Je survis. — Vous avez bien fermé la maison ? — Plutôt deux fois qu'une. — Bon. Pat, tout est réglé. Nous sommes un certain nombre à être invités à la Maison-Blanche demain soir. Le Président va faire une annonce importante. La presse y sera, vous êtes sur la liste des invités. J'ai vérifié. — Sam, croyez-vous... ? — Je ne sais pas. Les paris portent sur Abigail, mais le Président joue serré. Aucun des candidats possibles ne bénéficie encore de la protection des Services secrets. C'est toujours une indication. Je suppose qu'il veut maintenir le suspense jusqu'à la dernière minute. Mais quel que soit le candidat, vous et moi, nous allons sortir fêter ça. — Et si vous n'approuvez pas son choix ? — Il peut choisir qui il veut, je m'en fiche complètement pour l'instant. J'ai d'autres choses en tête. Je veux seulement me réjouir d'être avec vous. Je veux rattraper ces deux dernières années. Lorsque nous avons cessé de nous voir, j'ai cherché toutes les raisons me prouvant que cela n'aurait pas marché, même si j'étais libre. C'était pour moi la seule façon d'oublier à quel point vous me manquiez. Au bout d'un certain temps, je me suis mis a croire à mes propres mensonges.» Pat eut un rire ému. Elle refoula d'un battement de paupières la buée soudaine qui lui montait aux yeux. «Vous êtes pardonné. — Je ne veux plus gâcher une minute de nos vies, maintenant. — Je croyais que vous aviez besoin de temps... — Ni vous ni moi n'en avons besoin.» Même sa voix avait changé — confiante, forte, la voix dont elle avait gardé le souvenir pendant toutes ces nuits blanches où elle pensait à lui. «Pat, je suis tombé définitivement amoureux de vous durant cette journée à Cape Cod. Rien ne changera jamais plus. Je vous remercierai tous les jours de m'avoir attendu. — Je n'avais pas le choix. Oh, Sam, cela va être merveilleux. Je vous aime tant.» Après avoir raccroché sur un dernier bonsoir, Pat resta quelques minutes la main posée sur le téléphone comme si, à son contact, elle pouvait encore entendre chaque mot prononcé par Sam. Un sourire tendre aux lèvres, elle monta doucement l'escalier. Un craquement au-dessus de sa tête la fit sursauter. Elle savait ce que c'était. Cette planche sur le palier du premier étage qui fléchissait toujours sous son pas. Ne sois pas grotesque, se dit-elle. (à suivre...)