Ambiance n Juste après le f'tour, les jeunes accourent vers les salles de jeu de fortune. Les plus âgés partagent leur temps entre la prière, le café du coin et les parties de cartes et de dominos. Ramadan bis repetita. 30 jours durant, ce sont les mêmes images et séquences qui reviennent. Comme dans un feuilleton beau à voir, qu'on demande et qu'on redemande. Des cafés pleins à craquer, où l'on hume des senteurs et des parfums dont seul ramadan détient le secret. Des gamins surexcités, dans leurs petits souliers très speed, s'adonnent à des jeux et fanfaronnades en groupes, sans se soucier de ce qui peut leur arriver en jouant les audacieux héros des séries B ou alors de ce que pensent les personnes âgées. Car pour ces petits turbulents que rien ne peut arrêter, même pas les réprimandes du père, de l'oncle ou du grand frère, ramadan est un mois conçu pour eux. On peut voir aussi des vieux, des vieilles et des moins jeunes qui accélèrent le pas pour aller prendre place à la prière tarawih dans la mosquée du quartier, en passant les très encombrantes barricades dressées à même le sol par une grappe de diablotins en guise de jeu importé on ne sait d'où. On ne peut citer le mois de ramadan sans faire un détour par ces bicoques de fortune, éparpillées çà et là, la plupart sans la moindre autorisation, le contrôle étant quasiment absent, où l'on doit se dépêcher pour dénicher une place pour d'interminables parties de goinche ou de dominos, dans des équipes de quatre, à l'issue desquelles les perdants sont, comme le veut la tradition, forcés de payer des tournées de kalbelouz agrémenté de thé à la menthe et de limonades, devant les propriétaires des lieux qui, la mine joviale, se frottent les deux mains en voyant leur recette gonfler chaque jour davantage. Ces parties de jeu constituent une fiesta à laquelle tout le monde est convié, histoire de passer la soirée dans la plus pure tradition ramadanesque. Une tradition réservée depuis des lustres aux couche-tard et autres noctambules. Ainsi, les nuits édulcorées de ramadan donnent une identité bien particulière au mois sacré qui diffère de fond en comble, des autres mois de l'année, moins nocturnes faut-il le préciser, et aussi loin d'avoir cette saveur si particulière.