Résumé de la 1re partie n Eric et Mitch jouent quand trois hommes arrivent à bord d'une voiture noire et les renvoient. Les enfants se cachent derrière un talus et les voient creuser une tombe… La voix de sa belle-fille a l'air si excitée que madame Sanders interrompt le balancement de son fauteuil de rotin. Elle écoute attentivement : «Mamy, je sais ou on a enterré Jimmy Hoffa. — Mais de quoi parles-tu, Helen... C'est un jeu radiophonique ? — Mamy... Vous savez quand même qui est Jimmy Hoffa ?» Madame Sanders a soixante ans, c'est une bonne Américaine, d'origine scandinave, qui vote, qui va à l'église, lit des romans anglais, fabrique des couvertures en patchwork qui font l'admiration de la famille, mais ignore jusqu'au nom de Jimmy Hoffa. Devrait-elle le connaître ? Certainement. Jimmy Hoffa n'est pas n'importe qui, tous les journaux en parlent depuis deux jours, ceux du Michigan comme ceux de Floride. «Vous avez lu les journaux quand même ?» Oui, madame Sanders a parcouru les journaux, mais elle ne s'intéresse à l'actualité que de très loin et, à vrai dire, se concentre surtout sur les nouvelles locales... Jimmy Hoffa les déborde largement. Il est connu dans toute l'Amérique et dans le monde entier. Il est le président du plus grand syndicat des Etats-Unis et du monde. Le syndicat des transporteurs. The International Brotherhood of Teamsters. Cette puissante organisation professionnelle englobe d'autres activités, parmi lesquelles figurent aussi bien les hôtesses de l'air que les employés des pompes funèbres. En 1975, les teamsters comptent près de deux millions et demi de membres. De nombreuses personnes ont intérêt à adhérer au syndicat, ne serait-ce que pour pouvoir exercer leur profession. Car Jimmy Hoffa, caïd légendaire du syndicalisme musclé, comme on dit, n'a pas craint de s'allier à la mafia, et il évolue maintenant dans les milieux financiers les plus troubles et dans l'illégalité la plus totale. Madame Sanders l'aurait plutôt pris pour un acteur de cinéma si on l'avait poussée dans ses retranchements. «Ma chérie, tu peux toujours m'expliquer qui est Jimmy Hoffa, je ne vois pas le rapport avec les vacances... Je suis arrivée hier, j'ai tout nettoyé comme d'habitude... et tu me dis que vous ne venez pas ? — Mais si mamy, mais si, mais rendez-vous compte... je viens de vous dire que nous savions où il est enterré ! — Parce qu'il est mort ? — Mamy, lisez le journal... Vous avez le journal ? Bon, je vous rappelle dans un moment.» Stupéfaite, madame Sanders cherche pendant quelques minutes le journal, qui lui a servi en fait à emballer son poisson. Rien de tel qu'un bon papier journal pour garder le poisson au réfrigérateur, il est à l'abri et il respire... La lecture en est rendue difficile, évidemment. Jimmy Hoffa... Mon Dieu, un titre sur quatre colonnes ! «Jimmy Hoffa a disparu depuis le 30 juillet 1975. Son épouse Joséphine, ne le voyant pas rentrer à dix heures du soir, a alerté tous ses amis et, après une nuit sans nouvelles, s'est décidée à prévenir la police. La police a retrouvé la voiture du président du syndicat dans le parking d'un restaurant de luxe, à vingt-cinq kilomètres au nord-ouest de Detroit. Aucune trace de son propriétaire... La police ignore s'il s'agit d'une disparition volontaire, d'un kidnapping ou d'un assassinat. Mais les conclusions des spécialistes sont déjà formelles : cette entreprise a été menée par des professionnels.» (à suivre...)