Débat n Des économistes et des chefs d'entreprises, invités au forum El-Moudjahid, hier, ont dressé un constat amer. «L'Algérie dispose d'un nombre important d'atouts qui n'existent pas ailleurs : sa situation géographique, ses richesses naturelles et ses élites, mais la population n'en tire pas profit. Les conditions de vie des Algériens sont très difficiles, le pouvoir d'achat des familles est faible et la cohésion sociale laisse trop souvent place à l'individualisme. L'insécurité caractérisée par le terrorisme et le banditisme persiste», a ainsi affirmé Issaâd Rebrab, P-DG de Cevital. En dépit des réserves de changes ayant atteint 60 milliards de dollars, la relance économique, selon M. Rebrab, est très fragile et superficielle. Pour lui, le taux de croissance de 5% n'est pas le résultat du travail des Algériens mais il est lié à la conjoncture pétrolière qui pourrait à tout moment se renverser, car si les prix du pétrole dégringolent, a-t-il affirmé, l'Algérie va assécher ses réserves. Face à cette situation, l'Algérie, selon lui, n'encourage pas ses opérateurs économiques. Pis, elle favorise les étrangers. Parmi les problèmes que rencontre l'investisseur : le foncier. «Le problème du foncier est un véritable obstacle à l'investissement, à la création et au développement des entreprises.» Quant au processus de privatisation, il enregistre, selon le P-DG de Cevital, un énorme retard. «Cela fait plus de 20 ans que le processus a commencé et nous n'avons privatisé que 10% des entreprises publiques», alors «qu'en Allemagne, la question de la privatisation a été réglée en trois ans», a-t-il souligné. Pour dénoncer le système de faveur accordé aux étrangers dans la privatisation, le patron de Cevital a évoqué le cas des cimenteries. «Je ne comprends pas pourquoi on exige du repreneur d'une cimenterie d'être propriétaire de cimenteries, alors qu'en Algérie, personne ne possède de cimenterie ?», s'est-il interrogé. Pour sa part, le directeur général de l'Agence algérienne de promotion des exportations (Algex), Mohamed Benini, a mis l'accent sur le danger que représente l'économie informelle qui «décourage l'investisseur national et étranger». Pour M. Benini, «dire que nous sommes en train de nous appauvrir, c'est faux. Dire que nous sommes en train de nous enrichir est également faux. Car, nous ne sommes pas en train d'améliorer nos performances économiques ; il en est de même pour notre compétitivité. » Selon les experts, le marché informel représente 40% du marché algérien.