Les toits ont une couleur grisâtre et les maisons sont poussiéreuses. Les signes d?une pollution sont visibles à l??il nu. Toutefois, en dehors de l?immobilier, c?est l?humain qui en pâti le plus. Le nombre de personnes atteintes de maladies respiratoires est supérieur à la norme. Asthme, allergies, bronchite chronique? «Ce n?est là une surprise pour personne. Tel est le prix à payer quand on habite à proximité d?une cimenterie.» Les habitants de cette commune ont tout tenté pour stopper cette «fabrique de malheurs». Pétitions et lettres ouvertes, rien n?y a fait. Coincée entre deux monts, cette usine date de l?époque coloniale. Durant les années 1980, elle a vu débarquer des familles entières fuyant l?exiguïté et la crise de logement. Une cité a même été construite sur les hauteurs du mont «la vigie». La rue Mabrouk-Bellahcen mène jusqu?au sommet de ce mont. Là haut se trouve la cité Sidi-El-Kebir. A mi-chemin, une odeur de souffre se fait sentir. Elle vous accompagnera jusqu?au sommet pour se faire encore plus insistante. Plus on monte, plus la végétation se fait rare, les arbres sont atteints de «calvitie», l?air est lourd et chargé de poussière. Arrivé à la cité, on est frappé par les couches de ciment collées aux murs des immeubles. Plusieurs personnes souffrent d?allergies, d?autres sont asthmatiques. Quand le vent n?est pas favorable, les rejets de l?usine arrivent jusque dans les maisons. «Durant ces moments, on ferme les fenêtres et on se cloître chez soi en attendant que le vent tourne.» Ces jours-là, les allergies se réveillent, les asthmatiques ont leur crise et les plus chanceux souffrent de démangeaisons au niveau des yeux, du nez et de la gorge. Malgré le fait que le coupable soit connu, il sévit toujours.