Résumé de la 168e partie n Pendant la lecture de la dernière lettre qu'elle a écrite à Willard Jennings, le 13 mai, quelques jours avant sa mort, Abigail a le visage décomposé… Les yeux du sénateur brillaient. Un demi-sourire tendre se dessinait au coin de ses lèvres. Elle hocha la tête et ses lèvres aussi formèrent le mot «Merci». «Coupez», cria le chef opérateur. Luther se leva brusquement. «Sénateur, c'était parfait. Tout le monde...» Il s'arrêta net au milieu de sa phrase en voyant Abigail allonger le bras et arracher la lettre des mains de Pat. «Où avez-vous trouvé ça ? s'écria-t-elle d'un ton aigu. Qu'essayez-vous de me faire ? — Sénateur, je vous l'ai dit, nous ne sommes pas obligés de l'utiliser», protesta Luther. Pat vit le visage d'Abigail se déformer en un masque de colère et de douleur. Elle avait déjà vu une fois cette expression, sur ce visage. Où ? Une silhouette massive passa brusquement devant elle. Toby secouait le sénateur et criait presque : «Abby, reprenez-vous ! C'est formidable de terminer l'émission en faisant connaître au public la dernière lettre que vous avez écrite à votre mari. — Ma… dernière… lettre ?» Abigail se couvrit le visage d'une main comme si elle cherchait à recomposer son expression. «Bien sûr... je suis désolée... C'est vrai que Willard et moi avions l'habitude de nous écrire des petits mots... Je suis heureuse que vous ayez trouvé... le dernier...» Pat resta assise sans bouger. «Billy chéri, Billy chéri...» Les mots formaient un roulement de tambour qui lui martelait la tête. Saisissant les bras de son fauteuil, elle leva les yeux et rencontra le regard féroce de Toby. Elle s'enfonça dans son siège en proie à une terreur irraisonnée. Il se retourna vers Abigail et, accompagné de Luther et de Phil, la reconduisit à la porte du studio. Un par un les projecteurs s'éteignirent. «Eh, Pat, appela le cameraman. C'est bouclé, cette fois, hein ?» Elle put enfin se lever. «C'est bouclé.» Lorsque Sam se sentait confronté à un problème, une longue marche lui éclaircissait les idées et l'aidait à réfléchir. C'est pourquoi il choisit de faire à pied les quelques kilomètres qui séparaient son appartement de la partie sud-ouest de la ville. Le Gangplank se trouvait sur Washington Channel ; en approchant du restaurant il s'attarda à contempler le mouvement des moutons d'écume sur l'eau. Cape Cod. Nauset Beach. Pat marchant à ses côtés les cheveux volant au vent, le bras passé sous le sien, et cette extraordinaire sensation de liberté, comme s'il n'y avait qu'eux, le ciel, la plage et l'océan. L'été prochain, nous y retournerons, se promit-il. Le restaurant ressemblait à un navire amarré le long du quai. Sam gravit rapidement la passerelle d'accès, appréciant l'imperceptible impression de tangage. Jack Carlson était déjà installé à une table près des fenêtres. Il y avait plusieurs mégots écrasés dans le cendrier devant lui, et il buvait un Perrier. Sam s'excusa d'être en retard. (à suivre...)