Résumé de la 3e partie n Maître Galatzeo, un avocat véreux, reçoit la visite d'un étrange vieillard qui veut manger des ravioli… Maître Galatzeo le prend en pitié : «Il y a longtemps que vous n'avez pas mangé ? — Je mange. Mais pas beaucoup. On me donne de moins en moins à manger...» C'est à la deuxième assiette de ravioli que maître Galatzeo en apprend davantage. «Pas beaucoup à manger, mais à manger... Seulement les ravioli... il y a longtemps que je n'en ai pas goûté, très longtemps... si longtemps... — Mais pourquoi puisque vous êtes riche ?... Parce que vous êtes riche ? — Je m'appelle Corato... fils de Don Corato... vous savez ? Les magasins, les entrepôts... les docks... Corato...» Maître Galatzeo en reste pantois. Ce vieillard en haillons serait l'héritier de la fortune Corato ? Il en serait réduit à mendier un plat de ravioli comme un vieillard échappé de l'asile ? «Vous ne me croyez pas, maître Galatzeo ? Venez... je vais vous montrer.» Ayant fini d'avaler les derniers ravioli, le vieillard entraîne l'avocat vers un grand immeuble bourgeois, à la façade ornée de cariatides. «Voilà, c'est ici, je vais vous présenter mon frère, Pietro, il doit être là, j'entends l'aspirateur... Moi c'est Jéronime...» Dans le hall imposant de l'immense immeuble, Jéronime appelle : «Pietro ? Tu es là, Pietro ? — Au cinquième...» Alors Jéronime Corato guide l'avocat vers l'ascenseur : «Montez au cinquième, moi, je dois prendre l'escalier de service.» Maître Galatzeo doute un peu de son flair. L'aurait-on pris pour un pigeon? Pourquoi un Corato prendrait-il, chez lui, l'escalier de service... Ce doit être un laveur de carreaux qui l'a embobiné pour un bon repas. Au cinquième, en ouvrant la porte de fer forgé de l'ascenseur, maître Galatzeo se trouve face à un homme d'une soixantaine d'années, aux maigres épaules, vêtu d'un costume rapiécé, qui range un aspirateur dans un cagibi. «Je suis maître Galatzeo, vous êtes Pietro? Pietro Corato ? — Oui... Où est Jéronime, il va être puni... — Je suis avocat. Jéronime est dans l'escalier... Je ne comprends pas, cet immeuble vous appartient ? — C'est vrai... — Et l'immeuble voisin aussi ? — C'est vrai, et celui d'en face...» Jéronime Corato, essoufflé et se tenant l'estomac, parvient enfin au cinquième étage et attire maître Galatzeo vers un balcon : «Regardez, maître ; regardez. Les magasins, en face, ce sont les plus chics et les plus chers de la ville, vous voyez... L'échelle, vous voyez celui qui est sur l'échelle, avec les bottes et le seau... c'est mon frère Fortuné. Il faut venir le voir aussi.» Dans la rue, devant Fortuné, au regard oblique, à la mâchoire presque dépourvue de dents, maître Galatzeo se présente. Il a retrouvé confiance en son sixième sens. «C'est à vous, ces magasins ? — Oui... — Mais alors, ceux de la rue Principe-di-Parme... — Ils sont à nous aussi... Et vous devez voir le grand garage Fiat...» Au grand garage Fiat, maître Galatzeo fait la connaissance de Luigi, qui transporte les poubelles. «Vous êtes Luigi Corato ?…» (à suivre...)