Patrimoine n Houria Aïchi est connue pour son interprétation des chants traditionnels chaouis, auxquels elle a su ajouter une note personnelle et talentueuse. Chantre des Aurès, Houria Aïchi, qui a gratifié samedi le public sétifien d'un récital de toute beauté, se révèle, par sa voix fine qui s'insinue dans le cœur de l'auditeur, tantôt dans la complainte, tantôt dans l'allégresse, une diva de la chanson traditionnelle algérienne. Son répertoire, qui est le fruit de recherches minutieuses avec un profond souci de vérité et d'authenticité, s'inspire des chants berbères chaouis, des chants habités de la même intégrité qui l'anime d'une force étonnante. Il est porté par une voix sublime, tantôt suave, tantôt puissante et gutturale. Cette voix est accompagnée par la flûte et le bendir. Belle et digne, le menton haut, les bras tendus se levant lentement et majestueusement dans un mouvement ample l'artiste interprétera de manière magistrale, dans une atmosphère chargée d'émotion. Elle a ainsi repris le flambeau de la poésie populaire éclose dans ses montagnes des Aurès, portes du désert et rempart à l'envahisseur. Chanteuse chaouie, née en plein cœur des Aurès, Houria Aïchi, qui vit en France, travaille depuis des années sur le patrimoine musical algérien. Patiemment, elle en collecte les derniers vestiges dans les villages oubliés et les interprète en tentant de rester aussi fidèle que possible à la tradition. Elle perpétue une tradition de poésie populaire chantée, héritée de sa grand-mère. En effet, elle entreprend avec beaucoup de persévérance la collecte des textes et des musiques relevant de la tradition orale et contribue brillamment à faire connaître l'authenticité de cette poésie chantée de l'Aurès. Ainsi, elle interprète depuis plus de douze ans ces chants séculaires des femmes des Aurès comme un hommage à la femme algérienne, comme une ode à la liberté. Elève brillante, encouragée par ses parents, Houria Aïchi a suivi des études secondaires à Constantine, puis a fréquenté l'université à Alger et achevé sa formation supérieure de sociologue en France. Elle n'a cependant pas cessé de chanter durant ses études, pour son propre plaisir et celui de ses amis. Sa voix séduit, de même que son attachement à son histoire ancestrale et sa passion pour les traditions musicales. Houria Aïchi, qui prête sa voix au répertoire sacré de sa terre natale, a entrepris une carrière internationale : elle enregistre des disques et multiplie les concerts en participant à de nombreux festivals. Elle participe parallèlement à des créations de musique contemporaine ; en 1990, rappelons-le, elle a prêté sa voix à la bande originale d'Un thé au Sahara de Bertolucci. Outre le chant chaoui, Houria Aïchi s'essaie au dhikr, thèmes des confréries soufies et interprète également – et librement – l'ahellil saharien, élargissant et enrichissant ainsi son répertoire. Elle se veut plurielle et ouverte au patrimoine musical algérien dans sa richesse et sa diversité.