Requête Hedia rend visite à sa tante pour emprunter ses bijoux en or. A tout à l?heure, dit la jeune femme à son compagnon, avec un petit geste de la main. Tendu, l?autre ne répond pas, les mains serrées sur le volant, regardant droit devant lui, du côté du commissariat où une voiture de police est garée. Il n?aperçoit que l?arrivée du véhicule, mais cela suffit à le rendre nerveux. Elle claque la portière et s?avance sur le trottoir d?un pas léger sur ses talons aiguilles. Le vent fait danser sa jupe échancrée et elle pose sa main sur la tête pour éviter d?être décoiffée. Elle sonne à la grille d?une petite maison située à l?angle de la rue des Fleurs et attend. Un long moment passe, avant que la porte intérieure ne s?ouvre lentement, livrant le passage à une vieille dame en gandoura blanche, la tête recouverte d?un petit foulard serré sur le front. Elle penche la tête, cligne des yeux, et un grand sourire éclaire son visage joufflu. Prestement, elle descend les marches du perron, et trottine dans l?allée pour ouvrir à la visiteuse. ? Bonjour, Hedia ! Bonjour? ? Bonjour Khalti ! Comment vas-tu ? Les deux femmes pénètrent dans la maison et se dirigent vers le salon, où elles prennent place dans de confortables fauteuils. ?Ouêch raki ? demande la plus âgée, en regardant sa nièce de ses petits yeux malicieux? Y a t-il du nouveau dans ta vie? ça fait longtemps que je ne t?ai vue? Voyons? depuis la circoncision de Tarek ! ? Oui, Khalti, je travaille maintenant? dans un salon de coiffure, et tu sais, je rentre tous les soirs très fatiguée? Tu es seule, Khalti ? Où est Khali Merouane ? ? Il est allé à la campagne avec Saddek pour acheter «el-kebch» de l?aïd? Et ta mère, comment va-t-elle ? Hedia, tout en bavardant, retire son écharpe qu?elle portait négligemment autour de ses épaules ainsi que sa veste en cuir, qu?elle pose sur un fauteuil. Elle reprend sa place face à sa tante maternelle, et pendant un petit moment, la discussion continue entre elles. De temps à autre, Hedia jette des regards vers la fenêtre, consciente que dehors, assis dans sa voiture, son ami doit trouver le temps long. ? Mais? attends, je vais te préparer un peu de café ! ? Plus tard, Khalti? je suis venue pour te demander quelque chose ! Le visage de la vieille dame perd son sourire, et elle se rassoit attendant la suite. ? Voilà, Khalti, maman m?a envoyée pour te demander de lui prêter ton or pour aller au mariage d?une voisine? C?est une grande fête ! ? Mais, et le sien, où est-il ? ? Elle va le donner à ma s?ur Bariza, tu sais c?est une nouvelle aarroussa, elle doit être bien parée, c?est sa première sortie depuis son mariage. ? Mais pourquoi a-t-elle besoin de se montrer, ta mère, c?est une vieille femme maintenant, hadja bit Rabi, ta mère, elle n?a qu?à y aller simplement, c?est tout? D?ailleurs mon or, je ne le porte plus, je le laisse à ma fille Yasmina? ? Tante, s?il te plaît, maman m?a dit d?insister. ? Ta mère est une sotte ! Je ne puis donner mon or comme ça, Hedia bênti ! Et s?il se perdait ? La jeune femme se lève, et prend la main de sa tante en lui disant : ? Fais-moi confiance, je te jure sur la tête de Tarek ton petit-fils que je te le rapporterai dès que le mariage sera terminé? La vieille femme, légèrement contrariée, ne sait que dire, puis elle s?exclame : ? Attends, nous allons d?abord prendre une tasse de café ! Et sans attendre de réponse, elle se lève pesamment et se dirige vers la cuisine. C?est le moment que choisit Hedia, restée seule, pour sortir de son sac un couteau à cran d?arrêt que lui a fourni son compagnon. (à suivre...)