Comme nous l'avions déjà signalé, Ibn Sirîn est le plus grand interprète musulman. C'est même sans doute, à cause de l'audience qu'il a eue et qu'il continue d'avoir, le plus grand de tous les temps. En fait, c'est son nom qui est célèbre puisqu'on admet, aujourd'hui, que la plupart des écrits qui lui sont attribués ne sont pas de lui : il n'est pas moins célèbre dans le monde musulman et la compilation qui porte son nom est encore très lue. Elle a été traduite dans un grand nombre de langues de pays musulmans et, à l'époque moderne, dans plusieurs langues européennes. Evoquons d'abord la vie de ce grand homme. Il s'appelait Mohamed Ibn Sirîn et, selon la plupart des auteurs, il avait pour surnom Abou Bakr qu'il portait gravé sur sa bague. La plupart des auteurs s'accordent également à dire qu'il était originaire de la ville de Aïn al-Tamr, au nord de Koufa, dans l'Irak actuel. Certains auteurs font remarquer que Koufa n'était pas la ville d'origine de son père, qui serait de Gargarâya. Il s'était établi à Koufa et c'est là que le surprennent les conquérant musulmans qui prennent, sous la direction de Khalid Ibn al-Walid, la ville. Fait prisonnier, il devient l'esclave de Malik Ibn Anas. Il s'est converti à l'islam et a épousé une autre esclave, Safia qui va lui donner neuf enfants, dont Mohamed, né en 34 de l'Hégire (654 de J.-C.), mort en 110 (728). Selon ses biographes, c'était un homme doux et affable. Il vouait une véritable vénération à sa mère, n'élevant jamais la voix en sa présence, s'adressant toujours à elle humblement, ne la contrariant jamais.