Résumé de la 9e partie n Schamsennahar est dans son jardin avec l'émir des Croyants, mais d'émotion, elle tombe évanouie. Ali, qui suit la scène, perd également connaissance. Lorsque l'esclave vit le prince Ali évanoui sur le tapis, elle courut à une table où se trouvaient divers flacons qu'elle connaissait, et choisit un aspersoir d'eau de fleurs et vint en rafraîchir le visage du jeune homme qui reprit bientôt ses sens. Alors Abalhassan le souleva par les épaules et la jeune fille par les jambes et, à eux deux, ils le transportèrent hors de la galerie et le descendirent jusqu'au bas du palais, sur la rive du Tigre. Alors ils le déposèrent doucement sur un banc qui se trouvait là ; et la jeune fille frappa dans ses mains et aussitôt apparut sur le fleuve une barque où il n'y avait qu'un seul rameur qui se hâta d'accoster et de venir à eux. Puis, sans prononcer une parole, sur un simple signe de la confidente, il prit le prince Ali dans ses bras et le déposa dans l'embarcation où ne tarda pas à entrer Abalhassan. Quant à la jeune esclave, elle s'excusa de ne pouvoir les accompagner plus loin et leur souhaita la paix d'une voix extrêmement triste, pour rentrer en hâte au palais. Lorsque la barque fut arrivée à la rive opposée, Ali ben Bekar, qui était complètement revenu à lui grâce à la fraîcheur de la brise et de l'eau, put, cette fois, soutenu par son ami, mettre pied à terre. Mais il fut obligé bientôt de s'asseoir sur une borne tant il sentait son âme s'en aller. Et Abalhassan, ne sachant plus comment sortir d'embarras, lui dit : «O mon ami, prends courage et raffermis ton âme ; car, en vérité, cet endroit est loin d'être sûr, et ces bords sont infestés de bandits et de malfaiteurs. Un peu de courage seulement et nous serons en sûreté, non loin de là, dans la maison d'un de mes amis qui habite tout près de cette lumière que tu vois !» Puis il dit : «Au nom d'Allah !» et il aida son ami à se lever et lentement il prit avec lui le chemin de la maison en question, à la porte de laquelle il ne tarda pas à arriver. Alors il frappa à cette porte, malgré l'heure avancée, et aussitôt quelqu'un vint ouvrir ; et Abalhassan, s'étant fait reconnaître, fut aussitôt introduit avec beaucoup de cordialité, ainsi que son ami. Et il ne manqua pas d'inventer un motif quelconque pour expliquer leur présence et leur arrivée en cet état à une heure si irrégulière. Et dans cette maison, où l'hospitalité fut exercée envers eux selon ses préceptes les plus admirables, ils passèrent le reste de la nuit sans être importunés de questions déplacées. Mais tous deux passèrent une bien mauvaise nuit : Abalhassan parce qu'il n'avait guère l'habitude de coucher hors de sa maison et qu'il se préoccupait des inquiétudes des siens à son égard, le prince Ali parce qu'il revoyait toujours devant ses yeux l'image de Schamsennahar pâle et évanouie de douleur dans les bras de ses femmes, aux pieds du khalife. Aussi, dès qu'il fut matin, ils prirent congé de leur hôte et se dirigèrent vers la ville et ne tardèrent pas, malgré la grande difficulté qu'avait à marcher Ali ben Bekar, à arriver à la rue où se trouvaient leurs maisons. Mais comme la première porte à laquelle ils arrivèrent était celle d'Abalhassan, celui-ci invita son ami avec beaucoup d'insistance à entrer d'abord se reposer chez lui, ne voulant pas le laisser seul en un état si fâcheux. Et il dit à ses gens de lui préparer la meilleure chambre de la maison et d'étendre par terre les matelas neufs que l'on conservait enroulés dans les grands placards pour des occasions comme celle-ci. Et le prince Ali, aussi fatigué que s'il avait marché des journées entières, n'eut que la force de se laisser tomber sur les matelas, où il put enfin fermer l'œil quelques heures. A son réveil, il fit ses ablutions et remplit son devoir de la prière et s'habilla pour sortir ; mais Abalhassan le retint en lui disant : «O mon maître, il est préférable de passer encore la journée et la nuit dans ma maison, pour que je puisse te tenir compagnie et te distraire de tes peines !» Et il l'obligea à rester. (à suivre...)