Résumé de la 10e partie n Ali souffre d'être séparé de Schamsennahar. Son ami Abalhassan tente de le réconforter. En effet, le soir venu, Abalhassan, après avoir passé toute la journée à causer avec son ami, fit venir les chanteuses les plus renommées de Bagdad ; mais rien ne put distraire Ali ben Bekar de ses pensées affligeantes ; au contraire les chanteuses ne firent qu'exaspérer son mal et sa douleur ; et il passa une nuit encore plus troublée que la précédente ; et le matin, son état avait empiré de si grave façon que son ami Abalhassan ne voulut pas le retenir davantage. Il se décida donc à l'accompagner jusque chez lui, après l'avoir aidé à monter sur une mule que les esclaves du prince avaient amenée de l'écurie. Et lorsqu'il l'eut remis à ses gens et qu'il se fut bien assuré qu'il n'avait plus besoin, pour le moment, de sa présence, il prit congé de lui en lui disant encore des paroles d'encouragement et en lui promettant de revenir le plus tôt possible prendre de ses nouvelles. Puis il sortit de la maison et se dirigea vers le souk où il rouvrit sa boutique qu'il avait tenue fermée pendant tout ce temps. Or, à peine avait-il fini de mettre en ordre sa boutique et s'était-il assis pour attendre les clients, qu'il vit arriver... A ce moment de sa narration, Schahrazade vit apparaître le matin et, discrète, se tut. Quand vint le soir, elle reprit son récit. Elle dit : ...et s'était-il assis pour attendre les clients, qu'il vit arriver la jeune esclave confidente de Schamsennahar. Elle lui souhaita la paix, et Abalhassan lui rendit son salut et remarqua combien son air était triste et préoccupé, et il constata que son cœur devait battre bien plus vite que d'habitude. Et il lui dit : «Combien ta venue m'est précieuse, ô secourable jeune fille ! Ah ! de grâce, hâte-toi de me mettre au courant de l'état de ta maîtresse !» Elle lui répondit : «Mais, je t'en supplie, commence d'abord par me donner des nouvelles du prince Ali que j'ai été obligée de laisser dans l'état où il était !» Et Abalhassan lui raconta tout ce qu'il avait vu de la douleur et de l'irrémédiable langueur de son ami. Et lorsqu'il eut achevé, la confidente devint encore plus triste qu'elle n'était et poussa plusieurs soupirs et, d'une voix émue, dit à Abalhassan : «Quel malheur est le nôtre ! Sache, ô ben Taher, que l'état de ma pauvre maîtresse est encore plus lamentable ! Mais je vais te narrer exactement ce qui s'est passé depuis le moment où tu es sorti de la salle avec ton ami, alors que ma maîtresse était tombée évanouie aux pieds du khalife qui, tout affligé, ne sut à quoi attribuer ce malaise soudain. Voici ! «Lorsque je vous eus laissés tous deux sous la garde du batelier, je retournai au plus vite, bien inquiète, auprès de Schamsennahar, que je trouvai encore évanouie et étendue toute pâle, et des larmes coulaient goutte à goutte dans ses cheveux défaits. Et l'émir des Croyants, à la limite de l'affliction, était assis tout près d'elle et, malgré tous les soins qu'il lui prodiguait lui-même, il ne parvenait pas à lui faire reprendre ses sens. Et nous toutes nous étions dans une désolation que tu ne saurais imaginer ; et aux questions que le khalife nous posait anxieusement pour savoir la cause de ce mal subit, nous ne répondions que par des pleurs et en nous jetant la face contre terre entre ses mains, mais nous nous gardions de lui révéler un secret qu'il ignorait. Et cet état d'inexprimable angoisse dura de la sorte jusqu'à minuit. Alors, à force de lui rafraîchir les tempes avec l'eau de rose et l'eau de fleurs et de lui faire de l'air avec nos éventails, nous eûmes enfin la joie de la voir revenir peu à peu de son évanouissement. Mais aussitôt elle se mit à répandre un torrent de larmes, à la stupéfaction absolue du khalife, qui finit lui-même par pleurer également. Or, tout cela était triste et extraordinaire !» (à suivre...)