Cinéma n Azur et Asmar, un film d'animation du réalisateur Michel Ocelot, a été projeté, hier, à la salle Ibn Zeydoun de Riad-el-Feth. C'est l'histoire de Azur et de Asmar, deux frères (de lait). Azur, blond aux yeux bleus, est le fils du châtelain. Asmar, brun aux yeux noirs, est le fils de la nourrice. Tous les deux ont vécu une enfance d'amour, de tendresse et de partage et ce, grâce à la nourrice qui, aimante et généreuse, les a élevés comme deux frères, elle a élevé Azur comme son propre fils. L'histoire se déroule – et on le devine bien – en France au Moyen Age. Azur connaît, avec la nourrice qui est l'opposée de son père qui se montre arrogant, irrespectueux et impitoyable, l'amour de l'autre et le respect pour autrui, il découvre la générosité et le partage, mais aussi un monde où la réalité s'estompe au profit de la magie. Il apprend la langue de l'autre, celle de la nourrice, sa culture et son histoire, sa chanson et ses traditions. Un jour, la vie les sépare brutalement. Mais Azur, adulte, n'oublie pas les compagnons de son enfance ni les histoires de fées de sa nourrice, au pays du soleil. Il décide alors de rejoindre ce pays de rêve qui se trouve de l'autre côté de la Méditerranée (Maghreb) pour non seulement retrouver cette femme — qui l'a allaité — et son frère de lait, mais également pour délivrer la fée des djins. Ainsi, l'aventure commence, une aventure toute colorée et faite de dangers et de sortilèges d'un univers merveilleux fait de rencontres et de réconciliation, d'amour et de partage. Le réalisateur, l'auteur de Kirikou, aborde, à travers Azur et Asmar, mais aussi à travers tous ceux qui s'articulent autour d'eux, un thème d'actualité : la discrimination raciale. Il est question dans le film (réalisé en 3D) d'un personnage, le châtelain, le père de Azur, qui fait preuve de mépris et d'irrespect à l'égard de la nourrice et de Asmar parce qu'ils sont Arabes. Il y a aussi Crapaud, un Franc, qui est venu, il y a longtemps, délivrer la fée des djins, mais qui a échoué dans sa quête et qui ne peut retourner dans son pays, passe son temps à critiquer la population arabe : « Un pays laid», «ils n'ont pas ceci, ils n'ont pas cela» ; «ça pue»… Il critique non pas à la suite d'un constat avéré, mais par jalousie et par ignorance. Ainsi, Michel Ocelot a traité un sujet qui renvoie à une réalité très actuelle, à savoir la montée des communautarismes en France. «L'animosité entre Français de souche et Français plus récents, me rend malade tous les jours», dit-il. Conte philosophique, ce film d'animation, dont les dialogues en arabe qu'entend Azur dans le pays d'Asmar, ne sont pas sous-titrés, bénéficie d'une bande-son soignée qui entremêle dialogues, chants et en arabe et en français. Il plaira aux enfants, car il est fait d'aventures sensationnelles (magies et sortilèges) et fait montre d'un univers fait de merveilles, de beauté et d'une extrême richesse visuelle : une furia de couleurs, une débauche de costumes et un décor somptueux, luxuriant. C'est un film qui revêt une dimension cinématographique de qualité et il est d'une portée esthétique surprenante. Les graphismes sont d'une précision exceptionnelle, propres à l'imaginaire de Michel Ocelot qui leur revêt une personnalité qui est la sienne. Le film, poétique, est inspiré. C'est un chant pour l'amour et le rapprochement. Il invite enfants et adultes à aller à la découverte de l'autre et de sa culture. Azur et Asmar, distribué en Algérie par Kinomax, est programmé jusqu'à vendredi à la salle Ibn Zeydoun (Riad-El-Feth) à 10h30.