Débat n Yasmina Khadra était, jeudi, l'invité du Salon international du livre d'Alger qui se tient au Palais des expositions (Pins Maritimes) jusqu'au 10 novembre. S'exprimant sur le contenu de L'Attentat, son avant-dernier livre paru aux éditions algériennes Sedia, l'écrivain a dit qu'il s'agit d'un choix précisant que «la réalité de l'écrivain est dans le texte». En effet, Yasmina Khadra a fait, à la suite de la sortie de son livre en France, l'objet d'une controverse et dans les milieux arabes et chez les sionistes. «Un livre jugé suspect», a-t-il dit. «Certains ont vu dans mon livre une propagande en faveur d'Israël, d'autres ont dit que je faisais l'apologie du terrorisme», a-t-il déploré. Et d'expliquer : «Ce que je voulais faire dans ce livre, c'était dépasser les clichés que le regard occidental porte sur les Palestiniens», à savoir un peuple kamikaze, nourri de cette envie de tuer et de faire la guerre. Dans L'Attentat, l'écrivain met en scène Amine, un homme qui a réussi dans sa vie aussi bien sociale que professionnelle. «Je voulais montrer également que l'on ne peut échapper à son destin, à ses origines», a-t-il souligné. Et de poursuivre : «Amine s'est construit une réussite et, du coup il s'est démarqué de son peuple ; il n'a pas voulu voir la réalité en face, il l'a payé de sa vie». Par ailleurs, ce que Yasmina Khadra voulait montrer à travers ce roman, c'est l'impossibilité de parachever l'intégration, puisque Amine, qui est médecin et qui exerce sa profession dans un grand hôpital de Tel-Aviv, était respecté et admiré de tous, mais une fois que sa femme s'est révélée une kamikaze, il a été rejeté et honni. «Il n'y a jamais eu d'intégration, il suffit de rien pour que celle-ci soit fragilisée, rompue», a-t-il estimé, ajoutant : «Pour moi, le mot intégration est un vocable diaboliquement racial». «Quand on parle d'intégration, on demande le déni de sa propre culture», a-t-il poursuivi. Et de déclarer : «Dans l'intégration, l'on est dans l'assujettissement et la négation de soi». Yasmina Khadra a regretté que son livre ait fait l'objet de polémique et que sa personne ait fait l'objet d'une cabale, notamment de la part des intellectuels arabes. «Les musulmans sont traînés dans la boue, ils sont bafoués, vilipendés, et aucun d'eux n'ose se soulever et réagir», a-t-il dit, ajoutant, : «Moi je n'ai pas peur de perdre ma notoriété, je me dois d'écrire là où les autres préfèrent se taire de peur de compromettre leur notoriété». Yasmina Khadra est clair : «Moi, je n'ai pas peur d'écrire. Je prête la voix à ceux auxquels on refuse d'accorder le droit à la parole et qu'on refuse d'écouter.» Concernant les thèmes abordés dans ses romans, notamment dans Les hirondelles de Kaboul, L'Attentat et le dernier qui vient de paraître aux éditions Sedia Les sirènes de Bagdad, l'écrivain précise que cela relève d'un choix de l'écrivain et du moment. «Je suis un écrivain en situation.» «Quand j'écris, je ne pense pas à l'universalité, je pense uniquement à mon texte, et une fois le texte fini, là se dessine sa destinée», a-t-il expliqué, assurant que «j'écris en tant qu'Algérien, avec ma sensibilité».