KHALIDA TOUMI, MINISTRE DE LA CULTURE Une année exténuante avec un Panaf et un Sila perturbés ! Personne n'y croyait ou du moins pas totalement ! Lorsque Khalida Toumi, ministre de la Culture, parlait de valeurs panafricaines et de culture africaine, personne ne semblait l'entendre. Seule et contre plusieurs détracteurs, Khalida Toumi a réussi à nous convertir et à nous faire regarder vers notre continent l'Afrique autrement ! Le 2e Festival culturel panafricain a été, à bien des égards, un pari gagné. Notre ancêtre Lucy (ou sa copie ?) est venue nous rendre visite, nous avons eu droit à des prestations artistiques de qualité, avec entre autres des spectacles de Césaria Evora, Salif Keita, Manu Di Bango, Ismael Lo, Youssou N'dour et même un spectacle inaugural grandiose réalisé par Kamel Ouali. Il reste encore des choses à corriger, à apprendre et à revoir dans le domaine de l'organisation, mais dans l'ensemble, tout s'est bien passé. Ce Panaf a été placé sous le signe de la renaissance africaine, il reste maintenant à consolider et à solidifier les liens qui se sont formés en l'Algérie et l'Afrique. Ce ne sont que les prémices et les balbutiements d'une grande aventure avec l'Afrique. Le ministère de la Culture a également récupéré l'organisation du Salon international du livre d'Alger. Un commissaire a été nommé pour veiller au bon déroulement de l'évènement. Mais les choses ont dégénéré parfois. D'abord, il y a eu le problème de la délocalisation de la Safex à un chapiteau au complexe du 5-Juillet. Les éditeurs algériens, effrayés et représentés par deux structures syndicales Snel et Spl, ont alors menacé de non-participation. Mais ils se sont très vite rétractés et le calme semblait revenir. Mais voilà qu'une autre polémique éclate. Il s'agit de l'affaire de Mehdi El Djazaïri et de son roman Poutakhine. Interpellée, Mme Toumi a réglé ses comptes avec la presse le jour de l'inauguration du Sila, tout en insistant sur le fait que la censure ne dépend pas de son ministère, mais de l'Intérieur. En somme, une année riche, pleine, éreintante et trouble pour Khalida Toumi, qui a dû faire face à beaucoup de détracteurs. ANOUAR BENMALEK, ECRIVAIN Le passé aura-t-il un jour raison de nous ? “C'est un livre qui va faire grincer beaucoup de dents”, nous déclarait en juillet dernier Anouar Benmalek dans une interview. Et pour cause, son roman le Rapt qui venait de sortir chez Fayard. Ce même roman est sorti chez Sedia lors du dernier Sila, mais n'a pas vraiment défrayé la chronique comme attendu et redouté. Mais le Rapt n'est pas non plus passé inaperçu puisqu'il traite de l'affaire de Melouza. Qu'on ne s'inquiète pas, c'est un roman, et Anouar Benmalek ne se substitue pas aux historiens. Il fait de la littérature et reste dans la fiction, mais, en toile de fond, se dessine l'histoire. Celle d'un pays qui ne s'est pas encore réconcilié avec son passé. Ce dernier occulté finira tôt ou tard par nous rattraper. C'est la thèse que développe Anouar Benmalek. Son héros est pris entre deux feux, et bascule dans la violence parce qu'il n'a pas d'autre choix. C'est l'histoire d'un homme tranquille et pas très courageux, qui se retrouve otage dans une spirale de violence. On lui enlève sa fille et arrache sa vie parce que son beau-père a eu un lien avec l'affaire de Melouza. Un lien très lointain qu'il semblait avoir coupé, mais pas pour le ravisseur qui a n'a pas encore fait le deuil du passé. Un livre troublant qui tient en haleine et qui donne matière à réfléchir sur le présent et sur le passé très proche, mais aussi sur un pays à l'histoire millénaire hanté par les fantômes du passé. YASMINA KHADRA, ECRIVAIN ET DIRECTEUR DU CENTRE CULTUREL ALGERIEN DE PARIS L'année de toutes les coïncidences Sorti à la fin de l'année 2008, le roman Ce que le jour doit à la nuit, de Yasmina Khadra, qui a reçu en 2008 le prix France-télévision, a d'abord été réédité en Algérie, aux éditions Sedia. Mais c'est l'année 2009 qui sera le plus riche pour Yasmina Khadra en lui réservant de belles surprises et d'étranges coïncidences. L'écrivain est venu en Algérie et précisément à Oran, en avril dernier, pour présenter son roman. Il a également assisté à la générale de la pièce l'Attentat, adaptée d'après le deuxième volet de sa trilogie sur la diabolisation de l'arabo-musulman par l'Occident. De plus, Bachir Derraïs, producteur et réalisateur, qui tourne actuellement en feuilleton et long métrage les Aventures du commissaire Llob, inspiré des polars de Khadra, a acheté les droits de son roman Ce que le jour doit à la nuit, pour en faire un film, que le cinéaste français Alexandre Arcady réalisera. D'ailleurs, ce dernier a fait des repérages à la même période dans l'Oranie. Une année pleine et riche en rebondissements donc pour Yasmina Khadra qui a effectivement marqué 2009. KATEB YACINE, ECRIVAIN ET DRAMATURGE D'outre-tombe, son étoile continue de briller… L'année qui s'écoule a coïncidé avec le 20e anniversaire de la disparition de Kateb Yacine. Un douloureux évènement qui marque la disparition d'une personnage atypique qui a révolutionné le théâtre en Algérie avec un projet théâtral des plus ambitieux. Il a aussi révolutionné un roman, Nedjma, devenu le livre-référence et un symbole pour plusieurs générations d'écrivains algériens. Ziani Chérif Ayad et sa compagnie El Gosto lui ont rendu hommage à travers “les Rencontres Kateb Yacine”, en collaboration avec le palais de la Culture. Des colloques ont également été organisés dans plusieurs wilayas, notamment à Guelma, en octobre dernier. Un hommage lui a également été consacré durant le 14e Sila, et puis il y a eu la caravane “Cinq escales pour une étoile”, qui a sillonné plusieurs wilayas de l'Est algérien, avant de se poser pour une mégafête à Alger. Même d'outre-tombe, l'empreinte de Kateb Yacine est incontestable. HMIDA AYACHI, JOURNALISTE ET AUTEUR Les mille et Une news : un espace culturel convivial Durant le mois de Ramadhan, l'espace Mille et Une news a été une réelle bouffée d'air frais qui a boosté la vie culturelle et les longues soirées ramadhanesques. Avec son espace, Hmida Ayachi a ouvert un large champ d'expression aux jeunes, tout en proposant des débats intéressants et d'actualité. Parmi les rencontres inoubliables, l'hommage à Francis Jeanson, la rencontre avec les éditeurs de presse ou encore le débat sur la politique des festivals en Algérie. HAMID GRINE, AUTEUR Les dessous de la presse algérienne Avec son personnage Hassoud, archétype des éditeurs de presse, Hamid Grine a été le premier auteur à s'intéresser au monde de la presse. Avec le surmédiatisé roman intitulé Il ne fera pas long feu (éditions Alpha), Hamid Grine a marqué l'année 2009 à plusieurs niveaux. D'abord, il a eu le mérite de s'intéresser à un sujet que personne n'a osé aborder avant lui. Mais, en plus, il a reçu le prix des Libraires algériens, et ce bien avant le Salon international du livre d'Alger, alors qu'habituellement, cette distinction, remise chaque année par l'association des libraires algériens (Aslia), est remise la veille de la fin du Sila. TARIQ TEGUIA, CINEASTE Je me regarde, donc je suis ! Sorti en 2009, Gabbla, de Tariq Teguia, est un long métrage de 2h18 qui regarde l'Algérie avec cœur, passion, courage et sensibilité. Le réalisateur passe en revue toutes les mutations et tous les bouleversements de l'Algérie et traite de la paralysie d'un pays pourtant plein de ressources naturelles et humaines. Avec Gabbla, le cinéma algérien a passé un cap. Tariq Teguia a sublimé la douleur de l'Algérie en offrant l'opportunité à l'Algérien de se regarder dans le miroir, dans un pays privé pendant longtemps d'images et de sa propre image. LE GROUPE MILANO TORINO Chanter les Verts L'Algérie bladi sakna fi qalbi, One, Two, Three, Viva l'Algérie ou encore Oh éh, Viva l'Algérie. On a entendu ces titres au journal de 20h, sur Canal +, sur France 2, France 24, etc. Ces titres ont fait le tour du monde et continuent à faire danser le public algérien encore et toujours. Mais si Milano Torino figure sur ce palmarès, c'est parce que ce groupe a réellement cru en les Verts. Et bien avant tout le monde. Leur première chanson, ils l'ont enregistrée avant la première confrontation entre l'Algérie et l'Egypte, en juin dernier. Bien évidemment, d'autres artistes ont suivi la tendance en chantant pour l'équipe nationale de football, mais ça n'avait pas la même saveur. Les chanteurs de Milano Torino ont réhabilité la chanson sportive et réussi, avec des paroles simples et faciles à retenir, à interpréter et à traduire la joie de tout un peuple. SLIM, BEDEISTE “40 ans de Bouzidisme” 2009 marque le grand retour de Slim, avec une exposition hommage durant le Festival international de la bande dessinée d'Alger, la réalisation d'un documentaire par Djilali Biskri, et la parution d'un ouvrage touchant et sensible intitulé Slim, le Gatt et Moi, écrit et élaboré par Omar Zelig. Une année riche en émotions pour Slim donc qui a retrouvé le devant de la scène après une traversée du désert qui a duré trop longtemps. Tellement longtemps qu'elle a presque réussi à le faire oublier. Mais grâce aux évènements qui se sont greffées à l'hommage qui lui a été consacré, le public a pu constater que l'œuvre de Slim a épousé les revendications et les attentes de son époque. Une œuvre de quarante ans où l'histoire d'un pays se confond avec le parcours personnel d'un homme. KHALED, CHANTEUR Le “king” fait de la politique La palme d'or pour les bévues serait sans conteste attribuée à Khaled Hadj Brahim, qui a multiplié les sorties publiques et les sottises par la même occasion. Pourtant, il avait si bien entamé la saison, avec un album qui marchait bien, un mégaconcert pour l'avant-dernière soirée du Panaf qui a marqué les esprits et un autre show grandiose à Carthage, en Tunisie. Mais Khaled a voulu se mêler de choses qui le dépassent : la politique. Il a fait de graves déclarations à un magazine marocain, où il a évoqué le conflit du Sahara occidental. Il est allé plus loin le 12 novembre dernier, à Gizeh en Egypte, en chantant et en brandissant le drapeau égyptien, alors que le bus des joueurs algériens se faisait “caillasser”. Ceci lui a valu des critiques acerbes et il l'a quand même bien cherché… un peu. En tout cas, espérons que 2010 sera plus clémente envers lui !