Résumé de la 18e partie n La favorite du calife demande à voir Amin, qui va servir d'intermédiaire entre elle et le prince Ali. Schamsennahar entra et, sur son passage, du parfum de ses robes les salles et les couloirs s'emplissaient miraculeusement. Et sans prononcer une parole, et sans regarder autour d'elle, elle alla s'asseoir sur le divan et s'appuya sur les coussins que le jeune joaillier s'empressait de disposer derrière elle. Et elle resta ainsi immobile, pendant un bon moment, prise de faiblesse et respirant à peine. Elle put enfin, une fois reposée de cette course si inaccoutumée, relever sa voilette et se débarrasser de son grand voile. Et le jeune joaillier, ébloui, crut voir le soleil lui-même dans son logis. Et Schamsennahar le considéra un instant, tandis qu'il se tenait respectueusement à quelques pas, et demanda à l'oreille de sa confidente : «C'est bien celui dont tu m'as parlé ?» Et, la jeune fille ayant répondu : «Oui, maîtresse !», elle dit au jeune homme : «Comment vas-tu, ya Amin ?» Il répondit : «La louange à Allah en bonne santé ! Puisse Allah te garder et te conserver comme le parfum dans l'or !» Elle lui dit : «Es-tu marié ou célibataire ?» Il répondit : «Par Allah ! célibataire, ô ma maîtresse ! Et je n'ai plus ni père, ni mère, ni aucun parent. Aussi, pour toute occupation, je n'aurai qu'à me dévouer à ton service ; et tes moindres désirs seront sur ma tête et sur mes yeux...» A ce moment de sa narration, Schahrazade vit apparaître le matin et se tut discrètement. Le soir venu, elle reprit son récit. Elle dit : «... et tes moindres désirs seront sur ma tête et sur mes yeux ! Sache, en outre, que je mets entièrement à ta disposition, pour les rencontres avec ben Bekar, une maison qui m'appartient, où personne n'habite et qui est située juste en face de celle-ci que j'habite. Je vais la meubler tout de suite pour vous y recevoir dignement, et pour que vous n'y manquiez de rien !» Alors Schamsennahar le remercia beaucoup et lui dit : «Ya Amin, quelle destinée heureuse est la mienne d'avoir eu la chance de rencontrer un ami aussi dévoué que tu l'es ! Ah ! je sens bien à présent combien l'aide d'un ami désintéressé est efficace, et combien surtout il est délicieux de rencontrer l'oasis du repos après le désert des tourmentes et des souffrances ! Crois bien aussi que Schamsennahar saura te prouver un jour qu'elle connaît le prix de l'amitié. Regarde ma confidente, ô Amin ! Elle est jeune, douce et exquise ; tu peux être sûr que bientôt, malgré toute la peine que j'aurai à m'en séparer, je t'en ferai cadeau pour te faire passer des nuits de lumière et des jours de fraîcheur !» Et Amin regarda la jeune fille et trouva qu'en effet elle était fort attrayante et qu'elle avait, des yeux absolument merveilleux. Mais Schamsennahar continua : «En elle j'ai une confiance illimitée ; ne crains donc pas de lui confier tout ce que te dira le prince Ali ! Et aime-la, car elle a en elle des qualités de sympathie qui rafraîchissent le cœur !» Et Schamsennahar dit encore plusieurs choses gentilles au joaillier et se retira, suivie de sa confidente qui, de ses yeux souriants, dit adieu à son nouvel ami. Lorsqu'elles furent parties, le joaillier Amin courut à sa boutique et en retira tous les vases précieux et toutes les coupes ciselées et les tasses d'argent, et les porta dans la maison où il comptait recevoir les deux amants. Puis il alla chez toutes ses connaissances, et emprunta aux uns des tapis, aux autres des coussins de soie et à d'autres des porcelaines, des plateaux et des aiguières. Et il finit de la sorte par meubler magnifiquement la maison. (à suivre...)