Résumé de la 19e partie n Le joaillier Amin fait des aménagements dans sa maison afin qu'elle soit digne d'accueillir Schamsennahar et le prince Ali. Alors, comme il avait fini de mettre tout en ordre et qu'il s'était assis un moment pour jeter un coup d'œil général sur toutes choses, il vit entrer doucement son amie, la jeune confidente de Schamsennahar. Elle s'approcha et lui dit, après les salams : «O Amin, ma maîtresse t'envoie son souhait de paix et ses remerciements, et te dit que grâce à toi elle est maintenant bien consolée du départ d'Abalhassan. Et ensuite elle me charge de te dire d'aviser son amoureux que le khalife s'est absenté du palais et que ce soir elle pourra se rendre ici. Il te faut donc avertir tout de suite le prince Ali ; et cette nouvelle, je n'en doute pas, achèvera de le rétablir et de lui rendre les forces et la santé !» Et, ayant dit ces paroles, la jeune fille tira une bourse remplie de dinars et la tendit à Amin en lui disant : «Ma maîtresse te prie de faire toutes les dépenses sans compter !» Mais Amin repoussa la bourse en s'écriant : «Ma valeur est-elle donc si petite à ses yeux que ta maîtresse, ô jeune fille, me donne cet or en récompense ? Dis-lui qu'Amin est payé, et au-delà, par l'or de ses paroles et les regards de ses yeux !» Alors la jeune fille remporta la bourse et, tout à fait heureuse du désintéressement d'Amin, courut raconter la chose à Schamsennahar et la prévenir que tout était déjà prêt dans la maison. Puis elle se mit à l'aider à prendre son bain, à se peigner, à se parfumer et à s'habiller de ses plus belles robes. De son côté, le joaillier Amin se hâta de se rendre chez le prince Ali ben Bekar, après avoir toutefois placé des fleurs fraîches dans les vases, rangé les plateaux remplis de mets de toutes sortes, de pâtisseries, de confitures et de boissons, et rangé en bon ordre, contre le mur, les luths, les guitares et les autres instruments d'harmonie. Et il entra chez le prince Ali, qu'il trouva déjà un peu ragaillardi par l'espoir qu'il lui avait mis la veille dans le cœur. Aussi la jubilation du jeune homme fut considérable lorsqu'il apprit que dans quelques instants, il allait enfin revoir l'amante, cause de ses larmes et de son bonheur ! Du coup, il oublia tous ses chagrins et toutes ses souffrances et son teint aussitôt s'en ressentit, car il s'éclaira tout à fait et devint bien plus beau que par le passé avec, en plus, plus de douceur sympathique. Alors, aidé de son ami Amin, il revêtit ses habits les plus magnifiques et, aussi solide que s'il n'avait jamais été près des portes du tombeau, il prit, avec le joaillier, le chemin de sa maison. Et, lorsqu'ils furent entrés, Amin s'empressa d'inviter le prince à s'asseoir, et lui disposa derrière le dos de tendres coussins, et plaça à côté de lui, à droite et à gauche, un beau vase de cristal rempli de fleurs, et lui mit entre les doigts une rose. Et tous deux, en causant doucement, attendirent l'arrivée de la favorite. Or, à peine quelques instants s'étaient-ils écoulés que l'on frappa à la porte, et Amin courut ouvrir et rentra bientôt suivi de deux femmes, dont l'une était complètement enveloppée d'un izar épais de soie noire... A ce moment de sa narration, Schahrazade vit apparaître le matin et se tut discrètement. Le soir venu, elle reprit : ...deux femmes, dont l'une était complètement enveloppée d'un izar épais de soie noire. Et c'était l'heure même de l'appel à la prière, sur les minarets, au coucher du soleil. Et comme au dehors, limpide, la voix extatique du muezzin appelait les bénédictions d'Allah sur la terre, Schamsennahar releva son voile, aux yeux de ben Bekar. Et les deux amants, à la vue l'un de l'autre, tombèrent évanouis et restèrent une heure de temps avant de pouvoir recouvrer le sentiment. Quand enfin ils ouvrirent les yeux, ils se regardèrent en silence, longuement, n'arrivant pas encore à exprimer autrement leur passion. Et quand ils furent assez maîtres d'eux-mêmes pour pouvoir parler, ils se dirent des paroles si douces que la confidente et le jeune Amin ne purent s'empêcher de pleurer, dans leur coin. (à suivre...)