Résumé de 16e partie n Abalhassan quitte la ville, craignant le courroux du calife. Avant son départ, il s'est confié à son ami Amin qui rend visite au prince Ali. Et Ali ben Bekar, tremblant d'émotion, lui demanda : «Par Allah ! que peut-il m'arriver encore en fait de désagréments ?» Et le jeune joaillier lui dit : «Sache, ô mon maître, que j'ai toujours été le confident de ton ami Abalhassan et que jamais il ne me cachait rien de ce qui lui arrivait. Or, voici trois jours qu'Abalhassan, qui d'ordinaire venait me voir tous les soirs, a disparu ; et, comme je sais, par les confidences qu'il m'a faites, que tu es également son ami, je viens te demander si tu sais où il est et pourquoi il est parti et a disparu sans rien dire à ses amis !» A ces paroles, le pauvre ben Bekar fut à la limite extrême de la pâleur et tellement qu'il faillit perdre toute connaissance. Enfin il put articuler : «C'est pour moi également la première nouvelle ! Et je ne savais plus en effet à quoi attribuer cette absence de trois jours de ben Taher ! Mais si j'envoyais un de mes esclaves prendre de ses nouvelles, peut-être saurions-nous la vérité du fait !» Alors il dit à l'un des esclaves : «Va vite à la maison d'Abalhassan ben Taher et demande s'il est toujours ici ou s'il est en voyage. Si l'on te répond qu'il est en voyage, ne manque pas de demander de quel côté il est parti.» Et aussitôt l'esclave sortit pour aller aux nouvelles et revint au bout d'un certain temps et dit à son maître : «Les voisins d'Abalhassan m'ont raconté qu'Abalhassan est parti pour Bassra. Mais j'ai également trouvé une jeune fille qui s'informait elle aussi d'Abalhassan et qui m'a demandé : ”Tu es sans doute des gens du prince ben-Bekar ?” Et comme je répondais par l'affirmative, elle ajouta qu'elle avait une communication à te faire et elle m'accompagna jusqu'ici. Et elle est dans l'attente d'une audience.» Et ben-Bekar répondit : «Introduis-la tout de suite !» Quelques instants après, la jeune fille entra et ben Bekar reconnut la confidente de Schamsennahar. Elle s'approcha et, après les salams, lui dit à l'oreille quelques paroles qui lui éclairèrent le visage et l'assombrirent, tour à tour. Alors le jeune joaillier trouva qu'il était à propos de placer son mot et dit : «O mon maître et toi, ô jeune fille, sachez qu'Abalhassan, avant de partir, m'a révélé tout ce qu'il savait et m'a exprimé toute la terreur qu'il ressentait rien qu'à l'idée que l'affaire qui vous intéresse pouvait parvenir à la connaissance du khalife. Mais moi qui n'ai ni épouse ni enfants ni famille, je suis disposé de toute mon âme à le remplacer auprès de vous car j'ai été touché profondément des détails que m'a donnés ben Taher sur vos malheureuses amours. Si vous voulez bien ne point repousser mes services, je vous jure par notre saint Prophète (sur lui la prière et la paix !) de vous être aussi fidèle que mon ami ben Taher, mais plus ferme et plus constant. Et même au cas où mon offre ne vous agréerait pas, ne croyez point que je n'aurais pas l'âme assez élevée pour taire un secret qui m'a été donné...» A ce moment de sa narration, Schahrazade vit apparaître le matin et se tut discrètement. Le soir venu, elle dit : «... Un secret qui m'a été confié ! Au contraire, si mes paroles ont pu vous persuader tous deux, il n'est pas de sacrifice auquel je ne sois prêt à souscrire pour vous être agréable ; car je suis disposé à user de tous les moyens qui sont en mon pouvoir pour vous procurer la satisfaction que vous désirez, et même je ferai de ma maison le lieu de tes rencontres, ô mon maître, avec la belle Schamsennahar !» Lorsque le jeune joaillier eut achevé ces paroles, le prince Ali fut dans un tel transport de joie qu'il sentit soudain les forces lui ranimer l'âme et il se leva sur son séant et embrassa le joaillier Amin et lui dit : «C'est Allah qui t'envoie, ô Amin ! Aussi je me confie entièrement à toi et n'attends mon salut que d'entre tes mains !» Puis il le remercia encore longuement et lui dit adieu en pleurant de joie. (à suivre...)