Résumé de la 22e partie n Amin reçoit la visite d'un inconnu qui lui demande de le suivre. Il a des informations à lui communiquer. A cette vue, Amin, qui était déjà épuisé par la marche qu'il avait faite depuis le matin, fut pris d'une faiblesse totale et tomba sur le sol. Alors l'homme qui l'avait amené l'aspergea avec un peu d'eau et de la sorte le ranima. Puis, comme le repas était déjà servi, les dix hommes jumeaux se disposèrent à manger après avoir toutefois, d'une seule et semblable voix, invité Amin à partager leur nourriture. Et Amin, voyant que les dix mangeaient de tous les plats, se dit : «S'il y avait du poison là dedans, ils n'en mangeraient pas !» Et, malgré sa terreur, il s'approcha et mangea son plein, affamé qu'il était depuis le matin. Lorsque le repas fut terminé, la même voix une et décuple lui demanda : «Nous connais-tu ?» Il répondit : «Non, par Allah !» Les dix lui dirent : «C'est nous les voleurs, qui, la nuit dernière, avons pillé ta maison et enlevé tes hôtes, le jeune homme et la jeune femme qui chantait. Mais malheureusement il y a la servante qui a réussi à s'échapper par la terrasse !» Alors Amin s'écria : «Par Allah sur vous tous, mes seigneurs ! De grâce, indiquez-moi l'endroit où se trouvent mes deux hôtes ! Et restaurez mon âme tourmentée, hommes généreux qui venez d'assouvir ma faim ! Et qu'Allah vous fasse jouir en paix de tout ce que vous m'avez ravi ! Montrez-moi seulement mes amis ! » Alors les voleurs étendirent le bras, tous en même temps, vers une porte fermée et lui dirent : « Sois désormais sans crainte sur leur sort ; ils sont chez nous plus en sûreté que dans la maison du gouverneur et, d'ailleurs, toi également ! Sache, en effet, que nous ne t'avons fait venir que pour apprendre de toi la vérité sur ces deux adolescents dont la belle mine et la noblesse d'attitude nous ont tellement frappés que nous n'avons même pas osé les interroger, une fois que nous eûmes constaté à qui nous avions affaire !» Alors le joaillier Amin fut considérablement soulagé et ne pensa plus qu'à gagner tout à fait les voleurs à sa cause et leur dit : «O mes maîtres, je vois à présent bien clairement que si l'humanité et la politesse venaient à disparaître de la terre, on les retrouverait intactes dans votre maison. Et je vois non moins clairement que lorsqu'on a affaire à des personnes aussi sûres et aussi généreuses que vous, le meilleur moyen à employer pour gagner leur confiance est de ne rien leur cacher de la vérité ! Ecoutez donc mon histoire et la leur, car elle est étonnante à l'extrême limite de tous les étonnements !» Et le joaillier Amin raconta aux voleurs toute l'histoire de Schamsennahar et d'Ali ben Bekar et ses rapports avec eux, sans oublier un détail, depuis le commencement jusqu'à la fin. Mais il n'y a vraiment pas d'utilité à la répéter ! Lorsque les voleurs eurent entendu cette étrange histoire, ils furent, en effet, extrêmement étonnés et ils s'écrièrent : «En vérité, quel honneur pour notre maison d'abriter en ce moment la belle Schamsennahar et le prince Ali ben Bekar ! Mais, ô joaillier, vraiment tu ne te joues pas de nous ? Et est-ce vraiment eux ?» Et Amin s'écria : «Par Allah ! ô mes maîtres, eux-mêmes absolument de leurs propres yeux !» Alors les voleurs, comme un seul homme, se levèrent et ouvrirent la porte en question et firent sortir le prince Ali et Schamsennahar en leur faisant mille excuses et en leur disant : «Nous vous supplions de nous pardonner l'inconvenance de notre conduite, car nous ne pouvions vraiment point nous douter que nous capturions des personnes de votre rang dans la maison du joaillier !» (à suivre...)