Résumé de la 26e partie n Amin est inquiet du sort de Schamsennahar. Il reçoit la visite de sa fidèle confidente, puis se rend chez le prince Ali. Or, je trouvai que tous, femmes et serviteurs, étaient dans mon attente depuis trois jours et ne savaient comment faire pour tranquilliser le prince Ali, qui me réclamait sans cesse en poussant de profonds soupirs. Et je le trouvai lui-même, les yeux presque éteints et ayant l'air plutôt d'un mort que d'un vivant. Alors moi je m'approchai de lui, les yeux en larmes et le pressai contre ma poitrine... A ce moment de sa narration, Schahrazade vit apparaître le matin et, discrète, se tut. Le soir venu, elle reprit son récit. Elle dit : ... et le pressai contre ma poitrine et lui dis beaucoup de choses gentilles pour le consoler un peu, sans pouvoir cette fois réussir, car il me dit : «O Amin, comme je sens bien que mon âme va s'échapper, je veux te laisser au moins, avant de mourir, une marque de ma gratitude pour ton amitié.» Et il dit à ses esclaves : «Apportez-moi telle et telle chose !» Et aussitôt les esclaves s'empressèrent d'apporter et de ranger devant moi, dans des paniers, toutes sortes d'objets précieux, des vases d'or et d'argent et des bijoux de haute valeur. Et il me dit : «Je te prie d'accepter cela, en remplacement des objets qui ont été volés dans ta maison !» Puis il ordonna aux serviteurs de tout transporter chez moi. Il me dit ensuite : «O Amin, sache qu'en ce monde toute chose a un but ! Malheur à qui manque son but en amour : il ne lui reste que la mort. Aussi, n'était mon respect de la loi de notre Prophète (sur lui la paix soit-elle !) j'aurais déjà hâté le moment de cette mort que je sens prochaine ! Ah ! si tu savais, Amin, ce que mes côtes recèlent sous elles de souffrances accumulées ! Je ne crois pas qu'homme ait jamais éprouvé les douleurs dont mon cœur est saturé !» Alors moi je lui dis, pour faire un peu diversion, que j'allais d'abord donner de ses nouvelles à la confidente qui m'attendait chez moi et que Schamsennahar avait envoyée dans ce but. Et je le quittai pour me rendre auprès de la jeune fille et lui raconter le désespoir du prince, qui pressentait sa fin et qui quitterait la terre avec le seul regret d'être séparé de son amante. Et, en effet, quelques instants après mon arrivée, je vis entrer chez moi la jeune fille, mais dans un état inimaginable d'émotion et de bouleversement ; et ses yeux laissaient abondamment couler les larmes. Et moi, de plus en plus alarmé, je lui demandai : «Par Allah ! qu'y a-t-il encore de pire que tout ce qui est arrivé ?» Elle me répondit en tremblant : «Ce que nous redoutions tant est tombé sur nous ! Nous sommes irrémédiablement perdus jusqu'au dernier ! Le khalife a tout appris ! Ecoute plutôt : à la suite d'une indiscrétion de l'une de nos esclaves, le chef des eunuques eut des soupçons et se mit à interroger toutes les femmes de Schamsennahar, chacune à part. Et, malgré leurs dénégations, il fut mis sur la voie par les contradictions des renseignements recueillis. Et il porta toute l'affaire à la connaissance du khalife qui, aussitôt, envoya mander auprès de lui Schamsennahar en la faisant accompagner, contre ses habitudes, par vingt eunuques du palais ! Aussi nous voilà toutes anxieuses et à la limite de l'épouvante ! Et moi je pus trouver un moment pour me dérober et courir t'aviser du malheur final qui nous menace ! Va donc prévenir le prince Ali, pour qu'il prenne les précautions nécessaires en pareil cas !» Et, ayant dit ces paroles, la jeune fille repartit au plus vite dans la direction du palais. Alors moi je vis le monde entier noircir devant mon visage et je m'écriai : «Il n'y a de recours et de force qu'en Allah le Très-Haut, le Tout-Puissant !» (à suivre...)