Préoccupation n «Sauvez nos enfants, c'est tout ce que nous demandons aux autorités du pays.» Tel un leitmotiv, la phrase revient sur toutes les lèvres, ici. C'est que cette vulnérable frange de la population est touchée de plein fouet par la «malédiction» qui semble s'abattre sur les résidents, dont beaucoup sont morts ces derniers temps. La plupart ont été fauchés par les trains en essayant de traverser la voie ferrée qui longe le centre de transit. Ces victimes sont, dans leur majorité, des enfants qui se rendaient à l'école. Il faut signaler que pour rejoindre leur établissement, les petits écoliers n'ont d'autre choix que de traverser la voie ferrée. «C'est le seul chemin qui mène à l'école», fait remarquer Lyès, 36 ans, père de 4 enfants. «Il n'y a pas si longtemps, deux enfants ont été fauchés par un train», poursuit-il non sans souligner avoir très peur pour sa famille. Et pour cause : «S'ils peuvent faire attention en traversant la voie ferrée, ils ne peuvent rien devant les nombreuses maladies qui les guettent ici : s'ils n'ont pas d'asthme, ils ont la bronchite chronique en raison des odeurs nauséabondes qui proviennent de l'oued et des nuages de fumée qui se dégagent de la décharge publique de Oued S'mar», note-t-il. Dans ce sens, l'on nous a signalé que les cas de maladie chez les enfants «ne se comptent plus». Outre l'asthme et la bronchite chronique qui touchent particulièrement les enfants en bas âge, de «mystérieuses» maladies ont fait leur apparition, ces dernières années, dans ce centre de transit. C'est le cas de cette infection dont souffre le petit Walid depuis sa naissance, il y a 14 mois. Ayant certainement chopé un microbe, il ne peut faire ses besoins comme le commun des mortels. «On a dû lui faire une ouverture au niveau de l'estomac pour se soulager», affirme Lounis, son père, qui a du mal à cacher sa douleur, lui dont la femme a subi trois interventions chirurgicales et la fille de 9 ans souffre au quotidien. «J'ai dû l'envoyer chez mes beaux-parents car elle ne peut plus supporter de vivre ici», souligne-t-il, les larmes aux yeux. Et de s'interroger : «Quel est le tort de ces enfants ? Qu'ont-ils fait pour mériter un tel sort ?»