Supplications Dans la salle du tribunal de Chéraga, le 21 décembre 2003, l?assistance, apitoyée, fixait en silence la jeune Lamia qui priait la cour de rendre la liberté au père de son bébé. «De grâce, monsieur le président. Relaxez-le car je l?aime et j?ai envie de vivre avec lui», disait-elle. Lui, c?était Hamid, un cousin, qui était son amant avant de devenir son époux légitime. Il est âgé de 22 ans et elle de 13 . Le récit de leur histoire d?amour a connu son épilogue le 13 février 1999, deux ans après son début, quand une tierce personne, Saïd, se présenta à la gendarmerie, certificat médical en main, attestant de l?état de grossesse de 3 mois de l?adolescente. Interpellé, Hamid, présenté par Saïd comme étant le géniteur, ne nia pas ce qui se passait entre lui et sa cousine Lamia. Après les différentes étapes de l?instruction, le mis en cause fut placé sous mandat de dépôt avant de comparaître, quelques mois plus tard, devant le tribunal de Chéraga, qui le condamna à une peine avec sursis. Loin de cautionner le verdict, le représentant du ministère public avait intenté un pourvoi en cassation en dépit de la promesse de Hamid d?officialiser son mariage avec Lamia. C?est ainsi que cette affaire a rebondi devant le tribunal, qui convoque l?accusé pour attentat à la pudeur. Hamid plaida non coupable dans la mesure où, entre-temps, son mariage avait été légalisé en bonne et due forme. A la barre, Lamia ne manque pas de prier le président de la cour d?acquitter son mari. Ironiquement ce dernier lui pose une question : «Dis-moi, à combien se sont élevés les frais de votre mariage ?» Avec un sourire bon enfant, la jeune mère répondra qu?aucune dépense n?y a été consacrée car, dira-t-elle, «cet argent doit servir à nourrir la petite». «Nul n?est infaillible», M. le président, finira-t-elle par ajouter avant de conclure : «Nous avons reconnu notre délit et nous l?avons réparé par notre mariage qui légitime notre relation. C?est pourquoi je vous prie de libérer mon mari en laissant au Tout-Puissant le soin de décider de la suite.» Après une longue plaidoirie, le jury se retire pour délibérer, avant de revenir avec un verdict clément au profit de Hamid, qui sera relaxé.