Résumé de la 15e partie n Moment de nostalgie pour Myles. Il se souvient de sa rencontre avec Renata, sa femme, durant la guerre. Comment pouvez-vous me reconnaître ? avait-il demandé. — Mon père m'a photographiée avec vous avant qu'ils ne vous emmènent. J'ai toujours gardé la photo sur ma commode.» Ils s'étaient mariés trois semaines plus tard. Les onze années les plus heureuses de sa vie. Myles se dirigea vers la fenêtre et regarda dehors. En principe, le printemps était là depuis une semaine, mais personne ne s'était donné la peine de passer le mot à Mère Nature. Il s'efforça d'oublier combien Renata aimait marcher dans la neige. Il rinça sa tasse à café et l'assiette à salade et les mit dans le lave-vaisselle. Si tous les thons disparaissaient soudainement des océans, que mangeraient les gens au régime pour leur déjeuner ? se demanda-t-il. Peut-être reviendraient-ils aux bons hamburgers bien consistants. Cette pensée le fit saliver, mais lui rappela aussi qu'il était censé décongeler la sauce pour les pâtes. Dix-huit heures. Il commença à préparer le dîner. Il sortit du réfrigérateur de quoi faire une salade, et avec habileté coupa les feuilles de laitue, éplucha les concombres, trancha les poivrons verts en fines lamelles. Malgré lui, il sourit intérieurement en songeant que, dans sa jeunesse, il croyait qu'une salade était un mélange de tomates et de laitue à la mayonnaise Sa mère était une femme merveilleuse, mais cuisiner n'était véritablement pas son fort. Et elle laissait la viande sur le feu jusqu'à ce que «tous les microbes soient tués», si bien qu'il fallait pratiquer le karaté pour découper une côtelette de porc ou un steak... C'était Renata qui lui avait appris à apprécier les saveurs subtiles, le régal d'un plat de pâtes, la délicatesse du saumon, les salades relevées d'une pointe d'ail. Neeve avait hérité de sa mère un réel talent culinaire, mais Myles reconnaissait qu'à la longue, il avait appris, lui aussi, à préparer une sacrée bonne salade. A dix-huit heures quarante, il commença à s'inquiéter sérieusement de ne pas voir rentrer Neeve. Les taxis étaient probablement introuvables. Seigneur Dieu, qu'elle ne traverse pas le parc à pied par un soir pareil ! Il essaya de téléphoner à la boutique, mais n'obtint aucune réponse. Au moment où elle pénétrait dans l'appartement, se débattant sous une montagne de vêtements et de boîtes, il s'apprêtait à téléphoner au commissariat central pour leur demander d'aller à sa recherche dans le parc. Il serra les lèvres, se retenant d'avouer son inquiétude. Il parvint même à prendre l'air étonné en lui ôtant les boîtes des bras. «C'est encore Noël ? demanda-t-il. De la part de Neeve pour Neeve avec toute mon affection ? As-tu dépensé les bénéfices de la journée à ton profit ? — Ne fais pas l'idiot, Myles», répliqua Neeve de mauvaise humeur. «Je vais te dire une chose, Ethel Lambston est peut-être une bonne cliente, mais c'est aussi une emmerdeuse de première.» Tout en laissant tomber les boîtes sur le canapé, elle lui fit le bref récit de sa tentative pour livrer les vêtements à Ethel. Myles prit l'air horrifié. «Ethel Lambston ! N'est-ce pas cette excitée que tu avais invitée pour la réception de Noël ? — Exactement.» (à suivre...)