Résumé de la 6e partie n La sultane pardonne et renoue avec ses parents. Mais c'était compter sans la perfidie de sa marâtre. Le roi, qui avait tout entendu, était bouleversé. Il ne savait comment agir pour délivrer sa femme et ses enfants sans provoquer la colère du serpent. Il s'empressa d'appeler à ses côtés le sage El-Moudjarab(1). Ce dernier lui conseilla de prendre une vache bien grasse, de l'éventrer et de la descendre ensuite dans le puits au bout d'une corde. Alléché par le sang fumant et la vue de tant de graisse, le serpent s'introduirait dans le corps de la vache pour s'y repaître à loisir. Alors, on descendrait une nacelle et on évacuerait la sultane et ses jumeaux. Le sultan suivit ces conseils, et la sultane et ses enfants furent bientôt délivrés. Quant à la coupable, on l'arrêta et le sultan lui trancha la tête d'un coup d'épée. Découpé en tranches, son corps fut mis dans les marmites pour être cuit. La tête, on la garda intacte. Quand la cuisson fut achevée, on disposa la tête au fond d'un sac et par-dessus on entassa toutes les chairs. On ficela le sac et on le chargea sur un âne dont on confia la conduite au chat et au chien de la maison. «Portez ce sac à la mère de la fille borgne et dites-lui qu'il s'agit de la chair de la gazelle que sa fille, devenue reine, a fait égorger», leur ordonna le sultan en riant de la farce qu'il allait jouer à la méchante femme. Poussant le bourricot devant eux, le chat et le chien se mirent en route. lIs marchèrent vite et bientôt arrivèrent à destination. La méchante femme leur ouvrit la porte, et ils lui remirent le sac en lui transmettant le message de leur maître. Folle de joie à la nouvelle que sa fille était devenue sultane, elle s'assit sur le sol, les jambes allongées, et se jeta avec avidité sur le sac de viande. Après chaque morceau avalé, elle soupirait d'aise en disant : «C'est le plus beau jour de ma vie. Comme elle est savoureuse la chair de mon beau-fils !» Lorsqu'enfin elle arriva à la tête qui se trouvait tout au fond du sac, elle recula d'horreur en reconnaissant les traits de sa fille. «J'ai mangé ma fille», s'écria-t-elle en commençant à se griffer le visage et en se lamentant sous le regard amusé du chat et du chien. C'est ainsi que fut châtiée la méchante marâtre. 1. Personnage incarnant la sagesse et l'omniscience.