Résumé de la 18e partie n Denny Adler, le coursier du traiteur, a rendez-vous avec un de ses anciens compagnons de cellule. Seamus Lambston, l'ancien mari de la journaliste, a des ennuis financiers. Seamus avait hurlé : «Bon sang, Ruth, je fais ce que je peux. Les affaires marchent mal. Avec trois gosses à l'université, est-ce ma faute si nous raclons les fonds de tiroir ? Est-ce que tu t'imagines que je peux sortir de l'argent de mon chapeau ?» Ils s'étaient affrontés, effrayés, épuisés, désespérés. Il s'était senti humilié par le dégoût qu'il lisait dans son regard. Il savait qu'il avait mal vieilli. Soixante-deux ans. Il avait entretenu sa stature d'un mètre quatre-vingts à force d'exercices abdominaux et d'haltères. Mais aujourd'hui, il avait un ventre bedonnant qui ne voulait pas disparaître, ses cheveux autrefois blonds et épais étaient clairsemés et jaunasses et ses lunettes accentuaient l'aspect bouffi de son visage. Il se regardait parfois dans la glace et contemplait ensuite la photo de leur mariage. Ruth et lui, vêtus avec élégance, dans la force de l'âge, se mariant tous les deux pour la deuxième fois, heureux, amoureux fous. Le bar marchait très bien, à l'époque, et même s'il avait emprunté un maximum, il ne doutait pas de pouvoir tout rembourser en deux ans. Le calme de Ruth, son goût de l'ordre étaient un havre après ce qu'il avait enduré avec Ethel. «Je paierais jusqu'au dernier nickel pour avoir la paix», avait-il déclaré à l'avocat qui voulait le retenir d'accepter une pension alimentaire à vie. La naissance de Marcy l'avait comblé. Ils ne s'attendaient pas à celle de Linda, deux ans après. Et ils avaient été bouleversés lorsque Jeannie avait suivi, alors qu'ils approchaient de quarante-cinq ans. La svelte silhouette de Ruth s'était épaissie. Alors que le loyer du bar doublait et même triplait et que les vieux clients changeaient de quartier, le visage serein de sa femme avait pris un air d'inquiétude permanente. Elle aurait tellement voulu faire plaisir aux filles, leur donner des choses qu'ils ne pouvaient s'offrir. Il s'en prenait souvent à elle : «Pourquoi ne leur donnes-tu pas un foyer heureux au lieu d'un tas de babioles ?» Ces dernières années, avec le coût des études, avaient été atroces. L'argent manquait. Et ces mille dollars par mois versés à Ethel jusqu'à ce qu'elle meure ou se remarie étaient devenus une pomme de discorde, une pomme que Ruth passait son temps à ronger. «Retourne au tribunal, pour l'amour du ciel, le harcelait-elle. Dis au juge que tu n'arrives pas à payer les études de tes enfants et que cette parasite gagne une fortune. Elle n'a pas besoin de ton argent. Elle gagne plus qu'elle ne peut dépenser.» Leur dernière querelle, la semaine passée, avait été la pire. Ruth avait lu dans le Post qu'Ethel venait de signer un contrat avec un demi-million de dollars d'avance. Ethel disait que le livre en question serait «un bâton de dynamite jeté dans le monde de la mode». Pour Ruth, ce fut la goutte d'eau qui fit déborder le vase ?a et le chèque refusé pour non-provision. «Tu vas aller voir cette, cette...» Ruth ne jurait jamais Mais c'était comme si elle avait crié l'injure à tue-tête. «Tu lu diras que je vais aller trouver les chroniqueurs et leur raconter qu'elle te saigne à blanc.» (à suivre...)