Débat n Les publications sur le patrimoine ont fait l'objet, hier, d'une rencontre à la Bibliothèque nationale initiée par les éditions APIC. Depuis quelques années, l'édition algérienne s'est spécialisée notamment dans les beaux livres traitant, pour la plupart, du patrimoine algérien et ce «par un souci de préservation d'un patrimoine ancestral, voire millénaire, et d'un devoir de le transmettre aux générations à venir», ont déclaré les éditeurs, à l'instar des éditions APIC, Dalimen ou encore les éditions du Tell qui ont précisé que c'est un travail consistant à essayer de montrer la fragilité de ce patrimoine et la nécessité de le sauvegarder. Ainsi, le livre sert – à sa manière – à protéger et à prolonger la pérennité de la mémoire patrimoniale. «C'est une première étape à fixer la mémoire», ont-il dit. Des auteurs, comme Noureddine Saoudi qui a réalisé un ouvrage sur la période préhistorique de l'Algérie, ont insisté sur la nécessité de rédiger les biens patrimoniaux dans un style aéré le rendant ainsi accessible et suscitant en conséquence l'intérêt du lecteur sur la valeur historique et identitaire du patrimoine. Pour sa part, Sabah Ferdi, qui a réalisé aux éditions du Tell Mosaïque romano-africaine, a tenu à mettre l'accent sur le rôle important de vulgarisation du patrimoine. «Il faut vulgariser notre patrimoine, de manière à intéresser un large public.» Et d'ajouter : «La tâche consistant à faire des beaux livres traitant du patrimoine revient aux chercheurs et aux spécialistes. Il ne s'agit toutefois pas d'un travail recherché, universitaire». Ils regrettent toutefois que ce type de livres n'intéresse qu'une frange de la société, puisque la plupart ne lisent pas, donc ignorent leur histoire. Ils méconnaissent leur origine. Par ailleurs, les beaux livres peinent à trouver acquéreur. «Nous mettons deux à trois années pour écouler notre stock de livres, dont le tirage par titre ne dépasse même pas les mille exemplaires», ont déploré les éditeurs. De son côté, l'écrivain Abderahmane Zakkad a assuré que si les libraires éprouvent des difficultés à vendre les beaux livres, c'est seulement par manque de publicité. «L'absence d'une stratégie de vente fait que les gens ignorent que ce genre de livre est disponible dans les librairies», a-t-il déploré. Ainsi, éditeurs et auteurs s'accordent à dire : «On ne vend pas un beau livre comme on vend un roman, d'où, en effet, la nécessité de faire appel à des compétences, donc à des spécialistes en marketing et de les placer dans le réseau de distribution et de vente. Il s'agit donc d'une affaire de marketing», ont-ils indiqué. Effectivement, une étude du marché s'impose pour pouvoir faciliter la vente d'un beau livre. «Il faut mieux connaître le public, il faut savoir le cibler, le cerner. Il faut aller vers lui et le sensibiliser sur la question, d'où le rôle de la communication», ont conjointement souligné Sabah Ferdi et une responsable des éditions Dalimen. «Il faut créer l'événement autour des beaux livres», ont ajouté les éditions APIC. Ainsi, l'intervention de la communication dans le secteur de la distribution et des ventes est déterminante et nécessaire, puisqu'elle joue un rôle important dans la promotion du livre, donc du patrimoine. Il se trouve cependant que, selon eux, «il n'existe pas encore en Algérie une telle démarche pour le livre. C'est un travail à faire. Cela nécessite beaucoup d'efforts et surtout de moyens pour former des personnes dans ce domaine.» Ce qu'il faut savoir, c'est que les attentes et les intérêts existent en Algérie, il reste seulement à les canaliser et à instaurer une dynamique.