Résumé de la 76e partie n Sal révèle qu'Ethel écrivait un livre à scandale. Les premiers concernés sont les patron de la mode... Péril. Il sembla à Neeve que le mot restait suspendu dans l'air. Secouant impatiemment la tête, elle éteignit la lumière de la cuisine et embrassa Myles avant d'aller se coucher. Elle jeta un coup d'œil autour d'elle, s'assurant que tout était en ordre. La lumière de l'entrée filtrait dans le petit salon, et Neeve tressaillit en voyant un rayon éclairer les pages tachées et cloquées du livre de cuisine de Renata que Myles avait posé sur son bureau. Le vendredi matin, Ruth Lambston quitta l'appartement pendant que Seamus se rasait. Elle ne lui dit pas au revoir. Le souvenir de la fureur qui avait tordu son visage quand elle lui avait tendu le billet de cent dollars restait imprimé dans son esprit. Tout au long de ces dernières années, le chèque de la pension alimentaire avait étouffé chez elle toute émotion à son égard, hormis le ressentiment. Maintenant s'y ajoutait autre chose. Elle avait peur. Pour lui ? Elle ne savait pas. Ruth gagnait vingt-six mille dollars par an comme secrétaire. Une fois soustraits les impôts et la Sécurité sociale, plus les dépenses de transport, habillement et repas, elle estimait que trois jours de gains nets par semaine équivalaient à la pension alimentaire d'Ethel. «Je me crève pour cette harpie», jetait-elle régulièrement à la face de Seamus. Habituellement, Seamus s'efforçait de la calmer. Mais la nuit dernière, son visage s'était convulsé de rage. Il avait levé le poing et Ruth s'était reculée, persuadée qu'il allait la frapper. Mais il s'était emparé du billet, l'avait déchiré en deux. «Tu veux savoir où je l'ai eu, hein ? avait-il hurlé.C'est cette salope qui me l'a donné. Quand je lui ai demandé de me lâcher la bride, elle m'a dit qu'elle serait heureuse de pouvoir m'aider. Ses occupations l'avaient contrainte à réduire ses sorties au restaurant, et c'était ce qui lui restait du mois précédent. — Et elle ne t'a pas dit de cesser d'envoyer les chèques ?» avait crié Ruth. La colère inscrite sur le visage de Seamus s'était transformée en haine. «Peut-être l'ai-je convaincue qu'il y a des limites à ce qu'un être humain peut encaisser. Peut-être est-ce une chose que tu devrais apprendre, toi aussi.» La réponse avait mis Ruth dans un état de rage qui la faisait encore suffoquer. «Comment oses-tu me menacer !» s'était-elle exclamée et, horrifiée, elle avait vu Seamus fondre en larmes. Secoué de sanglots, il lui avait raconté qu'il avait mis le chèque dans l'enveloppe de la lettre, que la gosse qui habitait dans l'immeuble d'Ethel avait parlé de la rançon qu'il payait chaque mois. «Tout l'immeuble me prend pour un imbécile.» Pendant la nuit entière, Ruth était restée éveillée dans l'une des chambres des filles, animée d'un tel mépris pour Seamus qu'elle ne supportait pas l'idée de rester près de lui. Au petit matin, elle s'était rendu compte qu'elle était tout aussi méprisable. Cette femme l'avait changée en mégère. ?a ne pouvait plus durer. Maintenant, les lèvres serrées en une ligne dure, négligeant de tourner à droite en direction de Broadway et de la station de métro, elle se dirigeait vers West End Avenue. Un petit vent aigre matinal soufflait, mais ses chaussures à talons bas lui permettaient de marcher vite. (à suivre...)