Résumé de la 7e partie n H'nifa n'est pas sortie de chez elle depuis trois jours. Ses voisines, inquiètes, frappent à sa porte, mais elle ne répond pas. On appelle les hommes. Eux aussi relèvent l'odeur de brûlé. A leur tour, ils demandent à la vieille d'ouvrir. «Ne crains rien, si tu es malade, nous ferons venir un médecin !» Mais on a beau crier, on a beau tambouriner à la porte, elle ne s'ouvre pas. On se décide donc à la forcer. On appelle le forgeron du village qui fait également office de serrurier et il ouvre la porte. L'odeur de brûlé est encore plus forte. «On a l'impression qu'il y a eu le feu !» Le kanoun, le brasero traditionnel, est posé dans un coin et il est vide, en tout cas rien n'indique qu'il a été un foyer d'incendie. «H'nifa, où es-tu ?» Elle n'est pas dans la pièce commune. On va dans la chambre et on recule, horrifié : la vieille — ou plutôt ce qu'il en reste — est étendue sur le lit. Elle est entièrement carbonisée, certaines parties de son corps ayant disparu, la tête est de la taille d'un petit ballon. «Elle a brûlé !» Mais on se regarde aussitôt, cette fois-ci effrayés : en toute apparence, elle a brûlé dans son lit, mais comment se fait-il que le lit n'ait pas brûlé ? Le matelas, les draps et les couvertures à ses pieds sont intacts ! «C'est extraordinaire !» Un homme tente une explication : «Elle devait se chauffer au brasero, sa robe a brûlé, elle s'est jetée sur son lit pour étouffer les flammes, mais le feu l'a consumée ! — Ce n'est pas possible : d'abord le brasero n'était pas allumé, puisqu'il ne contient pas de cendres, ensuite elle se serait jetée sur le lit, elle l'aurait enflammé ! Et puis, il n'y a pas de trace de feu dans la maison !» En effet, aucun élément du mobilier n'a brûlé, aucun tissu : la seule chose qui ait brûlé, c'est H'nifa ! Et tout laisse croire que c'est dans son lit qu'elle a brûlé ! «Comment se fait-il que le feu n'ait pas pris ? Elle seule a brûlé !» C'est alors que quelqu'un, dans le concert des exclamations et des interrogations, s'écrie : «Ne cherchez pas de cause à ce phénomène : H'nifa a connu le jugement dans ce monde ! elle a goûté au feu de l'Enfer, avant même de mourir ! Oui, c'est cela, c'est le feu de l'Enfer ! C'est la sanction du mal qu'elle a fait sur la terre ! C'est le châtiment de Dieu !» La nouvelle fait le tour du village et de la contrée : l'injuste a reçu la «récompense» de ses actions ! Après avoir exposé les restes pendant deux jours aux curieux, on les a enterrés dans une fosse, dans un coin du cimetière du village. Et depuis, on cite en exemple celle qui, en récompense de ses méfaits, a connu le feu de l'Enfer avant de mourir... (à suivre...)