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Une ville, une histoire
Le feu de l'Enfer (2e partie)
Publié dans Info Soir le 06 - 12 - 2006

Résumé de la 1re partie n Il y a soixante ans, H'nifa était donnée, dans l'Est algérien, comme exemple de femme méchante et impitoyable.
Pour la troisième épouse, H'nifa fait un calcul : pour avoir une fille qui accepte son diktat et se soumette totalement à elle, il faut une orpheline, c'est-à-dire une fille qui n'ait personne pour la défendre, chez qui elle ne peut espérer se réfugier. Les autres filles qu'elle a malmenées étaient heureuses de retourner chez elles : celle-ci ne doit avoir personne sur qui compter !
Elle cherche et elle finit par trouver une fille que son oncle, chez qui elle vivait, est content de voir partir.
«Obéis à ta belle-mère et à ton époux, lui dit-il au moment de partir, et dis-toi que si tu es répudiée, tu n'as personne chez qui aller. En tout cas, tu ne pourras plus revenir ici !»
On ne pouvait être plus clair. Il aurait mieux valu, pour la pauvre fille, Nora, de rejoindre ses parents dans la tombe...
H'nifa lui fait comprendre, dès le premier jour, qu'elle est la maîtresse de maison : c'est elle qui décide de tout et sa belle-fille n'a d'autre choix que de lui obéir. La pauvre fille obéit, fait tout ce que lui dit sa terrible belle-mère et, malgré cela, est tout le temps critiquée : «Tu ne sais pas faire le ménage, ta cuisine est immangeable, tu gaspilles les provisions, tu vas bientôt nous ruiner !»
A chaque reproche, Amar doit la corriger. Et comme les critiques ne s'arrêtent pas, les coups non plus...
Les voisins, horrifiés, l'entendent crier et pleurer, mais personne ne peut lui porter secours. C'est la prisonnière, pire, l'esclave de H'nifa, qui fait d'elle ce qu'elle veut. A l'époque, personne ne pense à alerter les autorités. La jeune femme pouvait mourir sous les coups de son époux...
Elle tombe enceinte et, malgré son état, elle doit encore travailler, trimer du matin jusqu'au soir...
Elle ne garde le lit que le jour de son accouchement et, comme par malheur, elle a mis au monde une fille, les reproches pleuvent sur elle.
«Tu n'es bonne à rien ! Même pas capable de donner un héritier à mon fils !»
Et pour la punir, elle ne lui donne pas à manger, alors qu'elle a eu un accouchement difficile et qu'elle a perdu beaucoup de sang.
Quand Amar revient, H'nifa l'accueille par des vociférations : «Elle t'a donné une fille ! C'est une vraie vaurienne !»
Les voisins, horrifiés, entendent les cris de la jeune femme, puis un grand brouhaha, comme si on renversait des meubles... Il y a de nouveau des cris, puis le silence.
Il n'y aura plus de bruit, mais on verra Amar et sa mère aller et venir, dans un état de grande excitation...
La nuit, on remarque que la lumière reste allumée, alors que ce n'est pas dans les habitudes de H'nifa de gaspiller du carburant (on s'éclairait, à l'époque, à l'huile). On se dit qu'il doit se passer quelque chose, mais personne n'ose aller le demander : H'nifa, c'est connu, n'ouvre sa porte à personne. (à suivre...)


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