Résumé de la 8e partie n La vieille H'nifa a été retrouvée carbonisée dans son lit sans que rien, dans la maison, ait brûlé. On pense qu'elle a goûté, sur terre, avant la tombe, au châtiment de ses méfaits. H'nifa, dont nous avons rapporté la tragique histoire, n'est qu'un exemple parmi tant d'autres de ces femmes et de ces hommes qui ont «brûlé spontanément», sans qu'on détecte des causes d'incendie. Les gens pensent tout de suite à un châtiment sanctionnant de mauvaises actions, mais si beaucoup de victimes ont des choses à se reprocher effectivement, certaines ne sont pas connues pour être des personnes particulièrement malfaisantes. On nous a rapporté un autre cas de combustion qui s'est passé en Kabylie, cette fois-ci ; il s'agit encore d'une femme, assez vieille, qui vivait avec ses enfants. Elle n'était pas particulièrement méchante, mais elle se chamaillait tout le temps avec ses belles-filles qui, pour se venger, l'appelaient «la vieille de l'Enfer». «Le feu la brûlera avant qu'elle n'arrive à la tombe !» Cette prédiction d'une bru hargneuse s'est réalisée. Un soir, alors qu'elle se met au lit, la vieille sent soudain comme une brûlure. A peine le temps de crier, elle s'embrase comme une torche. «Elle brûle ! elle brûle !» Ses fils accourent et parviennent à étouffer les flammes, mais la vieille est grièvement brûlée. Comme le village est enclavé dans la montagne et que c'est l'hiver, on attend le matin pour la transporter à l'hôpital. Avant même d'y arriver, elle meurt dans d'atroces souffrances. Ce fait a été commenté de diverses façons. Pour les brus, il n'y a pas de doute que la vieille n'a fait que recevoir son châtiment : elle a brûlé en punition de ses méfaits. Pour d'autres, ce sont ses belles-filles qui ont mis le feu à ses vêtements pour se débarrasser d'elle... Ses fils, eux, ne savent que penser. Dans un autre cas relevé dans l'Algérois, il s'agit, cette fois, d'un cordonnier, qui travaillait et dormait dans son échoppe, une sorte de réduit de quelques mètres carrés, sans fenêtre ni autre trou d'aération. Il cuisinait sur un réchaud à pétrole et dormait dans son baraque. Un jour, vers dix heures, un client se présente pour prendre ses chaussures. Il pousse la porte entrebâillée de l'échoppe et recule en apercevant des os et un crâne à moitié calcinés, dans un amas de cendres. Il se demande ce que cela peut être et appelle le cordonnier, mais personne ne répond. C'est alors qu'il comprend que ces os et ces cendres sont ceux du cordonnier ! On a pensé que le réchaud s'était renversé et qu'il avait mis le feu aux vêtements — qui se sont alors enflammés — sans donner au vieux le temps de sortir de l'échoppe pour appeler à l'aide. Mais si le feu avait pris, il aurait incendié l'établi, surtout qu'il y avait à l'intérieur de nombreux produits inflammables, notamment du pétrole, de l'essence et de la colle. Hormis le vieux, rien n'a brûlé : les os et les cendres formaient un tas, au milieu de l'échoppe ! Les gens ont parlé de phénomène surnaturel, de châtiment : après tout, ce cordonnier, installé pourtant dans le quartier depuis plusieurs années, était un inconnu. Il est arrivé on ne sait d'où, il n'avait ni femme ni enfant, et aucun parent n'est jamais venu le voir ! Allez savoir ce qu'il a pu commettre dans la vie... Le cordonnier a été enterré, le quartier a abondamment commenté sa mort, puis on l'a oublié... (à suivre...)