Dans l'analyse moderne des rêves, le bélier représente les forces qui bouillonnent en l'être : forces impulsives qui, tel un ouragan, se déchaîneraient si elles n'étaient contrôlées par le Moi, instance psychologique qui établit l'équilibre entre les pulsions et la réalité. Ces forces ne sont pas seulement dirigées contre les autres, mais aussi contre soi-même et ceux que l'on aime, à l'image de Phryxos qui n'hésite pas à sacrifier son sauveur et son bienfaiteur. Mais en général, cette force est canalisée vers des activités créatrices (création littéraire et artistique, exploits sportifs, etc.). C'est pourquoi, le symbole du bélier, dans les rêves, est ambivalent : il exprime à la fois la force sauvage et la force créatrice, la recherche de la satisfaction des désirs et la force de l'esprit qui veut sublimer ces mêmes forces. Le bélier menaçant apparaît surtout chez les adolescents qui vivent mal leur puberté : il représente alors les désirs accumulés qui demandent à se réaliser. Souvent, le rêveur a peur du bélier et, plutôt que de l'affronter, il se met à le fuir. L'affronter, ce serait affronter ces désirs qui le pourchassent. Le bélier égorgé ou dépecé représente la victoire du Moi, l'instance psychologique régulatrice, sur le ?a, l'instance des pulsions. C'est aussi la satisfaction des désirs, le bélier égorgé étant en rapport avec la quête de la toison d'or : dans le mythe de Phryxos (voir précédent article), le jeune garçon sauvé des griffes de sa marâtre, a sacrifié le bélier à la toison d'or et a offert celle-ci au roi de Colchide qui, en échange, l'a marié à sa fille. Epilogue heureux d'une socialisation réussie.