Phénomène n La crise du logement a amené les familles algériennes, particulièrement dans les grands centres urbains, à vivre dans des lieux exigus. Elles sont entre 16 et 20 personnes minimum, lorsqu'elles ne sont pas à plusieurs familles, dans un F2 ou F3. Dans des quartiers populaires, le plus souvent, ces familles vivent dans la promiscuité, cohabitant parfois à plusieurs générations. A la cité Chevalley, à Oued Koreich, comme à Ben Omar et au Lotissement Michel, dans la commune de Kouba, ou encore à la rue Hassiba-Ben-Bouali, ces familles ont connu les maladies et les conflits familiaux. Ce sont des familles nombreuses, avec un revenu insuffisant, qui vivent dans des logements exigus. Le motif est le coût de la location, même dans un «bien vacant», propriété de l'Etat. Plusieurs enfants naissent dans un espace réduit, sans respecter l'espacement des naissances. Les accouchements ont lieu chaque année, c'était le cas particulièrement dans les années 1960 et au début des années 1970. Ces familles ne vivent pas dans des bidonvilles, mais leur situation n'est pas meilleure. Elles refusent de recourir à la contraception et autres moyens pour limiter le nombre d'enfants, soit par conviction religieuse ou pour augmenter leurs revenus par le biais des allocations familiales. Pourtant, dans certaines familles, le père n'a aucun avantage social dans son travail. Il n'est pas déclaré par l'employeur, dans nombre de cas. Certains pensent que ces enfants arrivés à un certain âge, prendront en charge la famille. Petit boulot par-ci, petit boulot par-là. Ils quittent précocement l'école pour plonger dans la vie active. Le temps passe, l'enfant grandit. Des jeunes dorment à tour de rôle, chez eux, lorsque les filles vont à l'école ou au travail. Certains vont dormir chez la famille ou les amis. Dans de telles conditions de vie et sans perspectives d'acquérir un logement, les garçons, arrivés en âge de se marier, optent pour le célibat. N'ayant pas fait d'études supérieures et sans aucune qualification professionnelle, ils n'arrivent pas à décrocher un travail décent. Parfois, certains atteignent la cinquantaine, sans qu'aucun espoir se dessine pour eux de voir leur avenir prendre une autre tournure. L'exil, la fugue et la délinquance sont des refuges pour ces jeunes en mal de vivre. Ils sont des proies faciles et tombent dans tous les genres de vices. Le gain facile à tout prix. Les familles rencontrées ont bataillé pour préserver leurs enfants, mais dans un environnement malsain la tâche est difficile. Les parents n'ont pas toujours réussi. Dans d'autres familles, la promiscuité a été à l'origine de conflits familiaux. Même après que chacun s'est trouvé une habitation individuelle, le conflit persiste pendant des générations. Vivre dans la promiscuité est aussi synonyme de maladies chroniques et de mortalité infantile.