Constat n Le livre fait encore l'objet de discussion et de débat même s'il retrouve graduellement un lectorat. Le constat (navrant) est bel et bien là. «On compte en Algérie un livre pour deux habitants, soit la moitié de la norme Unesco pour les pays en développement », ne cesse de rappeler le Dr Amin Zaoui, directeur de la Bibliothèque nationale. Le livre fait encore l'objet de discussion et de débat. Même si le livre, selon M. Zaoui, retrouve graduellement ces dernières années un lectorat, il se trouve cependant que cela n'est pas assez suffisant pour parler effectivement d'un statut social et culturel du livre. Il y a d'abord la démission de l'Etat. «Sans l'apport de l'Etat, il est impossible de mener une politique en faveur du livre.Il est du devoir de l'Etat de soutenir le livre », ne cesse-t-il de le souligner. Ensuite, si le livre fait défaut, c'est parce le secteur du livre présente des défaillances. «Nous manquons d'infrastructures, de professionnalisme à tous les niveaux de la chaîne du livre», relève-t-il. Le maillon le plus faible, voire qui fait défaut, c'est bien la distribution – ou la diffusion. «Excepté les grandes villes, notamment les régions du Nord, le livre ne parvient pas dans l'arrière-pays, encore moins dans le Sud, où le rôle des bibliobus est de sillonner les régions les plus reculées et les plus défavorisées du pays», indique-t-il. Par ailleurs, le programme consistant à créer des bibliothèques-annexes régionales aide à relancer la lecture publique. Le directeur de la Bibliothèque nationale appelle, en outre, à la réouverture des bibliothèques communales et à l'exploitation des bibliothèques scolaires, donc à la réinsertion de la lecture au sein des écoles. Il faut, dit-il, rééduquer l'individu au fait de la lecture. Outre la carence du secteur de la diffusion, il y a la question des libraires. En effet, les librairies fonctionnent en un espace de vente lucratif. Or les libraires ne doivent pas se considérer comme des commerçants (ce qui le cas pour la plupart), bien au contraire, ils ont un rôle civilisationnel, celui de faire parvenir le livre au public et cela à travers un travail de proximité : organiser des séances de vente-dédicaces, des rencontres débats avec auteurs-lecteurs et bien d'autres activités s'articulant autour du livre. Pour soutenir le livre, le Dr Amin Zaoui préconise une stratégie toute simple : créer une caisse nationale d'aide au livre. Ainsi, selon lui, il faut prélever 15 centimes sur chaque paquet de cigarettes et alimenter en conséquence ce fonds afin d'encourager notamment les diffuseurs et les libraires, c'est-à-dire leur donner les moyens de faire la promotion du livre. Mais cela reste à l'état de rêve, de chimère, car il lui faudra d'abord convaincre de participer dans cette aventure des partenaires comme le ministère de la Culture, ou encore celui des Finances, du Commerce, des Transports et même des Collectivités locales. Autant d'acteurs qui s'avèrent difficiles à sensibiliser sur l'importance du livre.