Le citoyen évolue dans une atmosphère agressive. Le service des urgences devient alors l'échappatoire. Les malades et souvent ceux qui les accompagnent, déversent leur colère au niveau des urgences. C'est le constat fait dans tous les établissements hospitaliers. Au service des urgences médicales du CHU de Béni Messous ou au service du CHU Mustapha, la situation est la même. Les visages crispés, les mines abattues, les cris fusent de partout, les malentendus, les insultes sont le lot quotidien de nos médecins. Même si le service médical veille au bon accueil des malades, il se retrouve souvent dépassé par le nombre de patients. «On se déplace pour n'importe quelle douleur ressentie. Pour un mal de tête, un citoyen viendra vous casser la tête», nous explique un infirmier qui a tenu à dénoncer l'indiscipline de certains citoyens. «Je ne comprends pas pourquoi un malade se fait accompagner par au moins quatre membres de sa famille ?», s'interroge un médecin de garde qui explique que la salle d'attente devient alors un forum de discussions ou tout simplement un hammam. Souvent, raconte un médecin, les accompagnateurs demandent au docteur de leur communiquer le diagnostic du malade alors qu'ils ne sont pas censés le savoir. «Face à notre refus de répondre favorablement à leur demande, les accompagnateurs agressent le médecin. S'il échappe à l'agression physique, il se fait insulter», regrette notre interlocuteur. Ce dernier a déploré le manque de prise en charge correcte du malade. Il a, à cet effet, insisté sur le problème des rendez-vous éloignés fixés aux malades. «Le patient cherche souvent à être rassuré sur son état de santé. Quand on lui fixe un rendez-vous à long terme, il trouve une autre astuce : il vient dans le service des urgences pour des consultations.» Un citoyen s'interroge : comment réagira un malade qui paye cher un taxi pour se rendre à l'hôpital et qui, en arrivant au service des urgences, est mal accueilli ?