Crédibilité Les autorités, poussées par l'opinion publique, commencèrent à réaliser qu'elles avaient peut-être, malgré tout, commis une erreur en ne condamnant Karla Homolka qu'à 12 ans de prison. Karla Homolka fut appelée à la barre afin d'expliquer ce qui s'était passé. Elle décrivit sa relation avec Bernardo comme une suite de dégradations sexuelles empirant de jour en jour. Il lui avait fait porter un collier de chien et l'avait quasiment étranglée pour satisfaire ses fantasmes sadiques. Il lui avait dit qu'elle n'était rien sans lui et la traitait de pute et de traînée. Homolka décrivit ensuite les enlèvements, les viols, les tortures et les meurtres. Elle révéla que Bernardo avait coupé les tendons de ses victimes, alors qu'elles étaient encore vivantes, afin de les empêcher de s'enfuir. L'avocat de Bernardo attaqua la crédibilité de Karla Homolka. Il voulut montrer qu'elle n'avait pas été une victime, contrairement à ce qu'elle disait, mais une participante enthousiaste aux viols et aux meurtres. Toutefois, que Karla soit innocente ou coupable importait peu à présent, et cela ne sauva pas Paul Bernardo. Le 1er septembre 1995, il fut reconnu coupable de tous les crimes dont il était accusé et condamné à la prison à vie. Il devait encore être jugé pour le meurtre de Tammy Homolka et les viols de Scarborough. Il pouvait faire appel et être libéré sur parole après 25 ans de prison. Le 3 novembre 1995, Bernardo fut déclaré coupable de plusieurs des viols de Scarborough et fut déclaré «agresseur dangereux» (dangerous offender). Dans le système judiciaire canadien, déclarer quelqu'un «agresseur dangereux» signifie emprisonner cette personne indéfiniment... Il est incarcéré au pénitencier de Kingston, dans une cellule qui l'isole des autres détenus, pour sa propre sécurité, et est filmé 24h sur 24 par une caméra de surveillance. Les terribles cassettes vidéo furent détruites en décembre 2001, après une longue bataille juridique menée par les familles Mahaffy et French. Karla Homolka fut d'abord incarcérée à la prison québécoise de Joliette, considérée comme un «club Med» mais où les détenues doivent travailler et pointer si elles veulent manger. En 1997, elle déclina une possibilité de demander sa libération sur parole, déclarant qu'elle craignait pour sa vie si elle était libérée. Elle suivit des cours de psychologie. Elle continuait à se préoccuper de son apparence et faisait de l'exercice. Puis, les autorités, poussées par l'opinion publique, commencèrent à réaliser qu'elles avaient peut-être, malgré tout, commis une erreur en ne condamnant Karla Homolka qu'à 12 ans de prison. En 2001, elle a été transférée dans une prison de haute sécurité, à Sainte-Anne-des-Plaines. Là, elle n'étudie plus, ne travaille plus, et passe ses journées à regarder la télé ou à discuter avec ses codétenues, meurtrières comme elle. Elle a été transférée dans une autre aile lorsque l'on a appris qu'elle avait une relation avec un détenu masculin. Elle est de plus en plus isolée et ne voit aucun psychiatre, alors qu'elle doit être libérée en juillet 2005. Et lorsqu'elle sera libérée, elle ne le sera pas «sur parole», ce qui signifie qu'elle n'aura pas à indiquer ce qu'elle fait, où elle vit, à un «officier de tutelle». Personne n'aura à la surveiller et elle pourra changer de nom et disparaître dans la nature.